[Vidéo] Faire connaître, aimer et donner envie de préserver la flore aux jeunes éco-citoyen·ne·s
#biodiversitéBZH, le portrait
Patrick Péron est éducateur au Conservatoire botanique national de Brest (CBNB). Après 30 ans au Conservatoire, les milliers d’espèces qui y sont conservées n’ont presque plus aucun secret pour lui. Auprès de tous les publics qui visitent le lieu, Patrick raconte l’histoire des plantes, explique le travail des botanistes et témoigne de l’importance de la préservation de la biodiversité végétale. Il nous a fait visiter son havre de paix. Dominique Le Ster est chargée d’animation et de sensibilisation climat-énergie à Brest Métropole. En intégrant le CBNB au dispositif d’aide aux projets des écoles, elle a ouvert les portes du Conservatoire botanique à des dizaines de classes brestoises.
Rencontre avec deux semeur·se·s de connaissances sur la biodiversité végétale.
Bonjour Patrick, et merci de nous accueillir dans ce lieu extraordinaire ! Pouvez-vous nous présenter le Conservatoire botanique national de Brest et nous résumer son histoire ?
Patrick Péron, éducateur scientifique au CBNB : Le Conservatoire botanique national de Brest est avant tout un établissement scientifique qui a un agrément national. Il couvre le territoire vaste du massif armoricain et travaille avec de nombreux partenaires internationaux pour assurer le sauvetage d’espèces végétales à la limite de l’extinction. Mais c’est aussi un lieu. Le jardin dans lequel nous nous trouvons est la vitrine du Conservatoire, qui permet au public de mieux comprendre notre travail et son importance. Ce jardin a été reconstruit sur un ancien site de carrière il y a 50 ans, à l’initiative de Jean-Yves Lessouëf. Ce lieu a été choisi pour son intérêt climatique : le manque de gel permet de cultiver beaucoup d’espèces exotiques en extérieur.
Aujourd’hui, nous sommes parmi les jardins qui ont les plus grandes collections mondiales de plantes menacées – même si ce record n’est pas notre objectif – ! Nous préservons ces espèces dans leur milieu naturel ou par la culture.
Comment assurez-vous la préservation de ces espèces végétales menacées ?
Les botanistes du Conservatoire collectent des graines d’espèces menacées dans le monde entier, et les mettent en culture à Brest pour pouvoir les sauver. Évidemment, il n’y a pas de plante unique. Nous conservons des doublons dans une banque de graines, par sécurité. Le Conservatoire a très vite acquis une notoriété internationale sur les sauvetages d’espèces à l’extrême limite de l’extinction. Mais le meilleur endroit pour qu’une espèce puisse vivre reste son milieu naturel !
Ainsi, contrairement à ce que nous faisions il y a 50 ans, nous sommes aujourd’hui plus dans un travail de fond : nous incitons les populations, les administrations et les élu·e·s des différents pays à assurer la préservation des milieux. Nous avons la chance d’avoir de nombreux partenaires institutionnels, en France et à l’étranger, qui permettent aux équipes de scientifiques du Conservatoire d’aller à l’international pour transmettre leurs savoirs aux populations locales. Par exemple, une équipe de jardinier·e·s du Conservatoire s’est rendue à Madagascar pour apprendre à des villageois·es à réaliser des semis et des boutures.
C’est une vision différente de notre travail : nous avons plus un rôle d’appui pour que les habitant·e·s protègent leur propre territoire.
📺 #BIODIVERSITÉBZH, LE PORTRAIT : PATRICK PÉRON
Patrick Péron nous ouvre les portes des serres du Conservatoire botanique national de Brest en compagnie d’une classe de CE1 qui participe au programme d’aide aux projets d’école de Brest Métropole.
Tournage réalisé dans le cadre d’une Breizh:Expedition proposée par In:Expeditions, plateforme de visio-expéditions au service de l’engagement.
Pouvez-vous nous faire visiter les différentes serres du Conservatoire ?
Bien sûr ! Nous avons quatre serres, qui reproduisent quatre climats différents. On y joue sur les facteurs importants autour du développement de la plante : le sol, la chaleur, l’humidité et la lumière. Les plantes ne sont donc pas regroupées en fonction de leurs origines géographiques mais selon leurs besoins climatiques.
La première serre imite le climat en montagne tropicale. Il n’y fait pas très chaud, mais le taux d’hygrométrie atteint 95%. La deuxième serre reproduit les conditions climatiques des zones subtropicales. Cela correspond aux Açores, aux Canaries, au Cap Vert… Cette serre abrite notamment la Normania triphylla, une plante qui a longtemps été considérée comme complètement éteinte sur l’île de Madère. Un botaniste qui a trouvé un seul pied nous a envoyé une quinzaine de graines, ce qui nous a permis de la remettre en culture, et de la sauver. Avec les enfants, je profite généralement de cette salle pour aborder le travail de conservation des espèces. Je leur parle de notre responsabilité morale de protection de la biodiversité végétale, mais aussi des différents intérêts que représentent les plantes pour l’humain.
La troisième serre correspond aux zones désertiques ou semi-désertiques. On y retrouve des plantes qui viennent de Namibie, d’Afrique du Sud, de Bolivie, du Mexique, de Madagascar….
Dans cette salle, on retrouve fréquemment des lézards ou des mues de couleuvres.
Enfin, la quatrième serre, la plus chaude, est celle des forêts tropicales de plaine. C’est celle qui accueille la star du conservatoire : l’Arum titan, une plante qui fleurit une fois tous les 10 ans, pour 24h. C’est un peu « notre panda » botanique ! La première fois qu’elle a fleuri, nous avons eu 5000 visiteur·se·s en 4 jours. C’est une espèce menacée en Indonésie, son pays d’origine, d’où l’intérêt de l’avoir en culture.
Dominique Le Ster, vous travaillez à la direction écologie urbaine de Brest Métropole. Pouvez-vous nous expliquer la nature du partenariat entre Brest Métropole et le Conservatoire botanique ?
Dominique Le Ster, chargée d’animation et de sensibilisation à Brest Métropole : Nous avons mis en place le dispositif “Aides aux projets d’écoles” qui propose à toutes les classes de Brest de participer à des activités autour de l’environnement ou de la culture, auprès d’institutions partenaires. Nous avons intégré le Conservatoire botanique à ce dispositif il y a quelques années, car c’est un lieu magnifique où les Brestois·es peuvent se balader, découvrir la nature, et en apprendre plus sur la biodiversité végétale.
Dans le cadre de ce programme, le CBNB propose 2 séances avec les élèves : une première en classe pour découvrir l’arbre et sa conservation, et une seconde sur place, pour découvrir les serres et mettre en application ce que les élèves ont appris lors du premier atelier. Cette année, le Conservatoire accueille 12 classes dans le cadre de ce dispositif. C’est une des activités du programme qui est très demandée par les professeurs !
Pourquoi est-ce si important, selon vous, de profiter de ce lieu pour sensibiliser un public aussi jeune à la préservation de la biodiversité végétale ?
Dominique Le Ster : Dans le contexte de réchauffement climatique que nous connaissons, il est essentiel d’apprendre aux enfants à protéger l’environnement au sens large. Pour prendre soin des espèces végétales, il faut d’abord apprendre à les connaître. C’est justement ce que permet ce lieu. La visite du CBNB encadrée par des médiateurs comme Patrick Péron permet aux enfants d’entrer en contact avec les arbres et les plantes. Cela représente un réel intérêt pédagogique.
Patrick Péron : Aujourd’hui, la concurrence de l’animal par rapport au végétal est complètement déloyale : tout le monde est capable de citer une espèce animale menacée, mais c’est plus compliqué pour les espèces végétales menacées. Montrez la plus belle plante du monde à un enfant, elle ne fera pas le poids face à un lézard. Mais au CBNB, nous avons la chance de disposer d’une collection unique, avec 95% d’espèces végétales menacées. Ce lieu hors du commun nous permet de rendre la botanique plus attractive et de la dépoussiérer, en montrant que ça n’est pas que du vieux latin.
À travers les visites que nous organisons, nous voulons distiller une forme de sensibilisation, sans être moraliste, pour faire des enfants des éco-citoyens. Finalement, nous faisons plus de l’écologie que de la botanique : nous rappelons à tous les publics que les plantes font partie de la vie, et d’un ensemble qui doit absolument être préservé.
Vous souhaitez sensibiliser la population et les élèves de votre commune, les salarié·e·s de votre entreprise ou des pratiquant·e·s de sport de bord de mer qui fréquentent vos plages… à la protection de la biodiversité ? L’interface MaQuestion #biodiversitéBZH peut vous mettre en relation avec des contacts
du Réseau breton de l’accompagnement, des ressources documentaires et des pistes de financement !
Les labels « Aire Marine Éducative » (AME) et « Aire Terrestre Educative (ATE) » créés par l’OFB valident la mise en place d’une démarche éco-citoyenne qui met les élèves au cœur d’une réflexion collective sur la gestion et la protection du patrimoine naturel et culturel. En Bretagne, un vaste réseau de partenaires est réuni autour des aires éducatives ; Groupe Régional des Aires Éducatives en Bretagne (GRAEB), réseau des acteurs de l’éducation à l’environnement, communes et bien sûr les élèves et leurs enseignant·e·s.