[Vidéo] Un espace naturel préservé à moins de 20 minutes pour les Bretillien·ne·s
#biodiversitéBZH, le portrait : Jean-François Lebas
C’est au milieu des landes, sur l’un des sentiers d’interprétation de l’Espace Naturel Sensible de la Vallée du Canut que Jean-François Lebas, responsable de la Mission Espaces Naturels et Paysages pour le Département Ille-et-Vilaine, nous a donné rendez-vous. Son objectif : acculturer les Bretilliens et Bretilliennes à la question de la biodiversité.
Jean-François Lebas, bonjour. Nous avons la chance d’être aujourd’hui dans la Vallée du Canut, un espace naturel sensible protégé. A l’entrée, juste devant nous, il y a un panneau qui indique que nous sommes sur un sentier d’interprétation. On accueille des publics ici toute l’année ?
Dans le cadre de la valorisation des Espaces Naturels Sensibles, le Département a mis en place une politique d’accueil des publics. Nous mettons en place différents outils comme ces panneaux qui permettent au grand public de se familiariser avec les différents sites naturels, avec les landes, les espaces boisés, le cours d’eau du Canut en contrebas ou les haies bocagères préservées dans la Vallée du Canut. Au-delà de la protection foncière de l’Espace Naturel Sensible, le site bénéficie d’un arrêté préfectoral de protection de biotope (APPB) délivré par l’Etat pour indiquer qu’ici, on préserve le biotope de trois espèces végétales rares. Le site bénéficie également du statut Natura 2000 pour la préservation d’habitats et d’espèces d’intérêt communautaire. C’est un statut reconnu à l’échelle européenne et un véritable outil de préservation et de concertation qui nous permet de discuter avec l’ensemble des acteurs du site, et notamment les propriétaires privés, pour mettre en place, le cas échéant, des contrats de gestion de leurs milieux naturels.
Comment allie-t-on une politique d’accueil des publics et une politique de préservation des milieux naturels ?
Voilà l’un des plus grands enjeux que nous rencontrons au quotidien : réussir à concilier, voire réconcilier, une politique de préservation de l’environnement avec l’accueil journalier des publics. Pour protéger un espace naturel, il faut toujours commencer par le connaître et le reconnaître. Notre équipe se charge donc d’inventorier les espèces animales et végétales présentes sur les sites. Savoir où elles se trouvent nous permet de réaliser des tracés pédestres là où il y a le moins de risques de dégradation pour la nature. Car vous l’avez compris, l’objectif pour nous, est de réduire au maximum les impacts négatifs sur le milieu naturel. Sur les « hotspots »de biodiversité, nous ne traçons pas de chemins pour éviter que les publics ne puissent s’approcher trop près de ces espaces. Par exemple, dans le domaine de Careil, nous avons un bel étang qui accueille énormément d’oiseaux en hiver et en période de reproduction. Pour ne pas les effrayer, nous avons maintenu à distance les publics en construisant un sentier périphérique, non pas en bordure d’étang, mais à quelques centaines de mètres. Ainsi, les espèces n’ont pas à craindre la présence des êtres humains et d’autre part, toutes celles et ceux qui le veulent peuvent profiter d’une belle promenade et peuvent observer les oiseaux depuis un observatoire.
📺 #BIODIVERSITÉBZH, LE PORTRAIT : JEAN-FRANÇOIS LEBAS
Nous avons rencontré Jean-François Lebas, responsable de la mission « Espaces Naturels et Paysages » pour le Département Ille-et-Vilaine en janvier, une période bien chargée pour les gestionnaires dans la Vallée du Canut entre éco-pâturage, entretien de la lande et des sentiers de randonnée.
Tournage réalisé dans le cadre d’une Breizh:Expedition proposée par In:Expeditions, plateforme de visio-expéditions au service de l’engagement.
Limiter l’empreinte négative de l’humain, est l’un des enjeux ?
Oui, mais pas que. Limiter l’empreinte de l’humain sur son environnement est primordial. Toutefois, permettre aux visiteurs et visiteuses d’avoir accès à une naturalité forte est aussi important. Nous sommes bien conscients qu’en Ille-et-Vilaine, ce que les Bretillien·ne·s viennent chercher, c’est l’aspect reposant, récréatif de ces sites naturels hors de la ville. L’idée aujourd’hui, c’est de ne pas avoir de conséquences négatives sur la naturalité de nos sites pour que chacun·e puisse bénéficier de nombreux hectares où la trace de l’humain est peu visible.
En quoi consiste le métier de gestionnaire d’espace naturel ?
Mon métier consiste à faire des choix. Il faut toujours commencer par poser un diagnostic écologique des milieux à préserver et gérer. Puis définir les enjeux, identifier les facteurs d’influence et orienter une politique de préservation vers une trajectoire donnée. Ce choix, il n’est jamais fait seul. Un·e gestionnaire, de toutes façons, ne travaille jamais seul·e. Bien au contraire. Nous sommes constamment épaulé·e·s par des partenaires naturalistes, des associations de protection de la nature et par des chercheurs et équipes scientifiques et les acteurs locaux. Avec tous ces acteurs, nous mettons en place des comités de gestion à l’échelle d’un site et nous nous réunissons tous les deux ans, pour présenter nos actions et mettre en place les prochaines opérations. Ensuite, les actions sont mises en œuvre par mes collègues en charge de travaux en s’appuyant sur le plan de gestion qui a été validé collectivement.
Comment s’opère la gestion des espaces naturels sensibles au quotidien ?
Il faut bien comprendre que les Espaces Naturels Sensibles sont des zones sur lesquelles on fait de l’aménagement, de l’entretien, de la restauration, mais aussi où on l’on choisit de laisser des espaces en friches. Des sols nus sur affleurements rocheux aux strates arborées, l’idée est de diversifier les structures de végétation et de prendre en compte les différentes compositions végétales pour garder des habitats typiques des milieux de landes. A chaque fois que nous nous penchons sur un site, notre enjeu est d’étendre nos connaissances. Pour cela, nous effectuons toujours des inventaires avant d’intervenir. Ces inventaires sont réalisés en interne ou confiés à nos partenaires ou à des prestataires. L’une des spécificités de notre équipe est d’avoir 120 agent.e.s en régie, dont une centaine sur le terrain. De plus, le Département s’est engagé à inclure dans ces équipes des personnes en insertion. Nous sommes d’ailleurs labellisés depuis plusieurs années « chantier d’insertion professionnelle ». Pour beaucoup de ces personnes, les activités de gestion des espaces naturels sont très adaptées à la réinsertion sur le marché du travail. Par exemple, nous nous sommes rendu compte que le contact avec le troupeau était très apprécié.
Vous avez tenu à nous présenter Philippe Brizard, élu local de la Commune de Pléchâtel et de Bretagne Porte de Loire Communauté. Pourquoi donc ?
Oui, car le site naturel le « Tertre Gris » est un site labellisé ENS par le Département. Il est un exemple concret de l’application à l’échelle locale de la politique menée par le Département pour favoriser la préservation de la biodiversité et le bien-être des Bretillien·ne·s. Ce site du « Tertre Gris », très connu dans la région, rejoint la cartographie des Espaces Naturels Sensibles, chers au Département. C’est grâce à une concertation intercommunale entre la commune de Poligné et la commune de Pléchâtel et la communauté des communes Bretagne Porte de Loire Communauté où Philippe Brizard est élu que nous avons réussi à mettre tout ceci en place. Pour rappel, les élu·e·s du Conseil départemental ont souhaité que chaque habitant·e d’Ille-et-Vilaine puisse être à moins de 20 minutes en voiture d’un Espace Naturel Sensible. En réalisant une cartographie du département, nous nous étions rendu compte que sept territoires étaient encore en zone blanche. Nous avons donc sollicité les communes et communautés de communes pour labelliser une propriété communale ou intercommunale afin de proposer aux publics de fréquenter, près de chez elles et eux, un site préservé. L’objectif est que les Bretilliens et Bretilliennes puissent s’intéresser à la biodiversité. Philippe Brizzard, en tant qu’élu et Cindy Gautier, chargée de mission environnement ont répondu à cet appel aux côtés de leur collaborateur·ice·s locaux. C’est un exemple concret que je voulais vous partager. Nous en sommes très fier·e·s.
« Nous, élu·e·s, avons la responsabilité de nous entourer d’expert·e·s de l’environnement pour nous aider dans la mise en place de nos politiques de préservation des habitats sensibles. Au Tertre Gris, il s’agit de préserver la qualité paysagère du site et sa biodiversité. »
Philippe Brizard, élu local à la Commune de Pléchâtel en charge de l’environnement, du développement durable, des équipements de pleine nature à Bretagne Porte de Loire Communauté.
« Il faut travailler sur des dossiers concertés qui prennent en comptent les compétences des un·e·s et la vision des autres. En tant qu’ingénieure, j’apporte un regard technique pour compléter l’approche politique. Je suis ravie que le Département nous ait proposé de travailler sur cette labellisation. »
Cindy Gautier, chargée de mission environnement, à Bretagne Porte de Loire Communauté.
La Vallée du Canut et les 57 autres espaces naturels départementaux témoignent de la diversité des milieux naturels d’Ille-et-Vilaine entre dunes, marais, forêts, landes, littoral et rivières.
Écouter les chants d’oiseaux sur le site des mégalithes et landes de Saint-Just, partir à la découverte des oiseaux de l’anse du Guesclin… Près de 150 animations sont proposées par le Département Ille-et-Vilaine et ses partenaires !
703 kilomètres, 4 départements… mais aussi 29 intercommunalités et 16 espaces naturels protégés majeurs : les étapes bretonnes du Tour de France vont attirer l’attention de tous prochainement. On propose aux territoires traversés – ainsi que tous les professionnels mobilisés – à identifier les lieux de nature concernés par cette grande fête.
Collectivités, établissements publics, associations… Le Réseau des Gestionnaires d’Espaces Naturels Bretons (RGENB) rassemble l’ensemble des professionnel·le·s des organismes publics et privés œuvrant pour la préservation et la gestion des milieux naturels bretons.
Vous souhaitez comprendre, échanger, monter en compétences et réseauter au sujet de la biodiversité ? Vous êtes une collectivité, une association, une entreprise ? Participez aux Ateliers : Projets #biodiversitéBZH ! Prochaines dates à venir…