Veiller sur la santé de la faune sauvage, c’est aussi prendre soin de la nôtre et de celle des autres animaux !

Publiée le 13 juin 2024

Les animaux sauvages, comme les animaux domestiques ou les humains, peuvent souffrir de blessures et de maladies. Un petit nombre des maladies des animaux sauvages peut d’ailleurs être partagé avec les humains (zoonoses) ou avec les animaux domestiques. C’est par exemple le cas de certaines bactéries comme les salmonelles, qui peuvent causer des épidémies chez des passereaux sauvages, parfois concentrés sur des mangeoires contaminées. Les oiseaux malades sont susceptibles d’être chassés par des chats, qui peuvent tomber malades à leur tour et contaminer leurs propriétaires. Comment les gestionnaires d’espaces naturels ou urbanisés, les collectivités et plus largement les Bretons et Bretonnes peuvent-ils agir pour prévenir ces risques sanitaires ?

Hérisson se désaltérant © OFB

Pour les gestionnaires d’espaces naturels, comprendre quels sont les agents pathogènes qui pourraient poser problème sur leur territoire permet une préparation stratégique avant l’apparition d’une éventuelle crise. L’utilisation de la méthode « Priorité santé faune » permet de lister et de hiérarchiser les agents pathogènes susceptibles de circuler sur un territoire donné. Sylvain Larrat, vétérinaire spécialisé en gestion de la santé des animaux sauvages et membre du Réseau de l’accompagnement des projets #biodiversitéBZH a contribué à son développement avec Vetagro Sup et les Parcs Nationaux de France. Cette dernière est basée sur la prise en compte systématique d’un ensemble de caractéristiques propres à chaque maladie, et ce, pour un très grand nombre de maladies de la faune sauvage. Enfin, elle implique de rassembler les acteurs engagés dans une démarche « One Health » ou « Une seule santé » d’un territoire autour d’un atelier visant à établir et s’approprier une hiérarchisation de maladies de la faune sauvage. L’objectif est d’initier une prise en compte stratégique de ce sujet. A l’issue de l’atelier, les acteurs sont en mesure de répondre à des questions du type : devrait-on se préoccuper de la rage des chauves-souris ? De la chytridiomycose des amphibiens ou de la leptospirose des rongeurs ? Bien sûr, Sylvain peut accompagner des gestionnaires d’espaces naturels à acquérir une vision stratégique des enjeux de santé humaine et animale en lien avec la faune sauvage afin de hiérarchiser une surveillance en lien avec les dispositifs existants comme le réseau de surveillance épidémiologique dédié à la faune sauvage, appelé « réseau SAGIR » (vous pouvez le contacter ici). Cette approche « One Health » est notamment valorisée dans les plans régionaux santé-environnement sur le lien entre santé de la faune et santé humaine dont le quatrième plan a été validé pour la Bretagne au printemps.

Pour les professionnel·les qui parcourent des milieux naturels sensibles comme les zones humides (bureaux d’étude, gestionnaires, chercheur·ses ou bagueur·ses d’oiseaux), savoir comment sont transmises les maladies permet de comprendre la responsabilité des humains dans la diffusion de maladies telles que la peste des écrevisses ou les chytridiomycoses et de mettre en place des mesures de prévention adaptées.

Pour les acteurs du retour de la nature en ville, lister et comprendre quelles maladies sont présentes chez des animaux sauvages permet d’anticiper, de prévenir et de désamorcer d’éventuels conflits humains – faune sauvage, souvent centrés sur le portage de pathogènes. Les pigeons sont par exemple souvent pointés du doigt comme étant porteurs de maladies. Des spécialistes en matière de santé de la faune sauvage comme les vétérinaires peuvent accompagner le processus de diagnostic visant à vérifier si cette assertion est vraie localement, aider à identifier les modes de transmission des différents pathogènes en présence, et à connaître les modes de prévention de la transmission. Cette démarche peut permettre ainsi de mieux informer la population et d’adapter les mesures de prévention au risque, en lien avec les gestionnaires et autorités compétentes en santé humaine et santé animale.

Enfin, pour les habitant·es qui souhaitent savoir comment réagir lorsque l’on est confronté·e à un animal sauvage malade ou blessé, se former à la marche à suivre dans cette situation leur permet de savoir quand il est possible et utile d’intervenir, et le cas échéant, de protéger leur propre santé et d’assurer la meilleure prise en charge possible pour l’animal. Des animations existent pour les citoyen·nes.

Nouveau en Bretagne : un « SAMU » pour la faune sauvage !

Porté par un collectif d’acteurs locaux (LPO Bretagne, Terres de Nataé, la station LPO de l’Île Grande, Trisk’Ailes et Faune Éthique), la plateforme SOS Faune sauvage Bretagne est un service de médiation téléphonique dédié à la prise en charge des animaux sauvages blessés et en détresse. Elle répond 7 jours sur 7 au 02 57 63 13 13 et lorsque cela s’avère nécessaire, elle organise les transferts d’animaux vers les structures adaptées.

Le collectif poursuit également l’objectif de fédérer tous les acteurs – associatifs, publics et privés – en vue de structurer un réseau qui puisse porter la voix de la faune en détresse en Bretagne. Infos complémentaires auprès d’Olivier Retail de la LPO Bretagne.

Ce projet a bénéficié de l’accompagnement de l’Agence Bretonne de la Biodiversité * et du soutien financier de la Région Bretagne.

Grippe aviaire : comment s’organise la détection et le suivi de la contamination et quelles sont les préconisations pour les collectivités ?

Comme cité plus haut, dans un cadre national fixé par la direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, l’Office français de la biodiversité (OFB) anime un dispositif national de surveillance épidémiologique dédié à la faune sauvage, appelé « réseau SAGIR ».
Pour la grippe aviaire, l’objectif du réseau est de détecter le plus précocement les cas d’individus contaminés et d’identifier et suivre la distribution spatio-temporelle des espèces aviaires sauvages atteintes et des souches virales circulantes.
Seuls des spécialistes avertis, notamment les vétérinaires, sont en capacité de réaliser un premier diagnostic de terrain sur les animaux sauvages suspectés d’être porteurs de maladie.
L’OFB s’appuie donc sur des observateurs de terrain affectés dans les services départementaux de l’OFB et des fédérations départementales de chasseurs, formés au suivi et à la manipulation des spécimens de la faune sauvage morts ou moribonds pour récolter et transporter les spécimens jusqu’au laboratoire départemental d’analyses vétérinaires où est réalisé un diagnostic précis.
Selon les données de détection de la maladie au sein de la faune sauvage et au sein d’élevages domestiques – transmises par les directions départementales de la protection des populations (DDPPs), sous pilotage régional de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF)- , les préfectures sont ainsi amenées à prendre des mesures pour gérer les foyers et zones infectées et limiter la propagation du virus au sein des élevages avicoles.
Les préfectures avec les DDPPs ont la charge également d’informer les collectivités et d’organiser la gestion des cadavres issus de l’avifaune sauvage, (dans le cadre d’un marché publique d’équarrissage).
Il revient ainsi aux collectivités de collecter les cadavres d’oiseaux morts pour les envoyer à l’équarrissage.

Si la transmission de virus influenza aviaire de l’animal à l’homme reste un événement très rare, afin de limiter au maximum les risques et la propagation de la maladie, des mesures de protection doivent être respectées par toutes les personnes susceptibles d’être en contact étroit avec des oiseaux infectés ou avec des sous-produits animaux contaminés (cadavres).

Précautions à respecter pour les manipulations d’oiseaux morts :

  • Porter un masque chirurgical
  • Porter des gants résistants
  • Porter des lunettes ou une visière de protection
  • Se laver et désinfecter les mains avec une solution hydro-alcoolique
  • Se changer avant le retour au domicile
  • Collecter et transporter les cadavres d’oiseaux dans un sac bien fermé
  • Retirer les équipements de protection individuelle et les désinfecter ou les éliminer (équipements jetables à placer en sac poubelle) dans le respect des procédures de biosécurité.

Les collectivités peuvent également contribuer à l’information du public sur les recommandations à tenir pour éviter au maximum la propagation du virus en s’appuyant sur des modèles de documents illustrés mis à leur disposition par les préfectures comme l’exemple ci-dessous que vous pouvez télécharger en cliquant sur l’image :

Téléchargez la version imprimable en cliquant sur l’image.

 

Merci à Sylvain Larrat et à la Direction régionale de l’OFB d’avoir largement contribué à la réalisation de cette nouvelle !

 

*Accompagnement permis grâce au succès de l’Agence à l’appel à projets FEDER “Accompagner les territoires et les acteurs de la biodiversité et du patrimoine naturel en Bretagne”.

Gestionnaires, collectivités… vous souhaitez ajouter un volet « One Health/santé » de la faune sauvage à vos projets biodiversité, sensibiliser et accompagner à la prise en compte et à la priorisation des enjeux de santé des animaux sauvages ? Sylvain Larrat, consultant vétérinaire Faune Sauvage peut vous accompagner.

Contacter Sylvain Larrat
Formation — Santé Nature
Formation — Santé Nature

Le CPIE de Belle-Ile-en-Mer propose une nouvelle formation « Établir le lien entre la santé et la nature » destinée à toute personne abordant la santé environnementale dans un contexte professionnel ; éducateurs·trices à l’environnement, professionnel·les de santé, chargé·es de mission d’associations ou de collectivités. La prochaine session a lieu les 13 et 14 juin à Plougoumelen mais de prochaines sessions sont prévues !

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