[Vidéo] Lucie Winckler, agricultrice engagée pour une énergie locale et bénéfique à la biodiversité

Publiée le 10 novembre 2022

#biodiversitéBZH, le portrait

Lucie Winckler est agricultrice depuis 2017. Aux côtés de ses deux associés, elle élève 80 vaches et assure une production laitière bio sur une surface de 83 hectares. Soucieuse de s’inscrire dans une démarche entièrement vertueuse, Lucie a toujours cherché à valoriser le bocage de son exploitation tout en préservant la faune sauvage. Rencontre avec une pionnière de la filière bois-énergie locale dans sa ferme à Mellac (29).

Lucie Winckler, GAEC de Kerchernec © In:Expeditions

Bonjour Lucie et merci de nous accueillir sur votre ferme ! Pouvez-vous nous présenter votre exploitation et nous raconter ce que vous y faites ?

Lucie Winckler : Je suis installée depuis 4 ans sur cette ferme avec mes deux associés. Nous produisons du lait de vache en agriculture biologique dans un système totalement autonome au niveau de l’alimentation et tout en herbe depuis cette année. Nous cherchons à valoriser tout notre parcellaire en conservant des milieux diversifiés : des prairies très productives et d’autres, plus humides, à moindre qualité alimentaire mais qui permettent aux animaux d’aller brouter pendant les périodes sèches. Cette diversité de milieux nous permet d’être plus résistant·e·s face aux aléas climatiques.

Nous avons aussi beaucoup d’arbres sur l’exploitation, dont certains très anciens. C’est une vraie chance d’avoir ce maillage bocager préservé. Nous continuons de l’entretenir parce que le bocage offre des intérêts considérables pour notre élevage. Les 11 kilomètres de haies de l’exploitation créent un abri l’hiver contre la pluie et le vent, et l’été contre le soleil. Les haies représentent aussi un refuge pour une diversité d’animaux : ce sont des abris pour les buses, ou encore les renards, qui mangent les mulots dans les champs. Et puis les arbres représentent aussi une ressource mellifère ; les abeilles trouvent du pollen et du nectar dans les haies et les fleurs des prairies. Nous travaillons d’ailleurs avec un apiculteur qui installe des ruches sur la ferme.

📺 #BIODIVERSITÉBZH, LE PORTRAIT : LUCIE WINCKLER




Direction le Sud Finistère sur l’exploitation de Lucie Winckler. Également gérante de la SCIC Énergies Bois Sud, dont l’activité est reconnue par le Label Haie certifiant que la gestion du bocage et la production de bois de chauffage sont respectueuses de la biodiversité.
Tournage réalisé dans le cadre d’une Breizh:Expedition proposée par In:Expeditions, plateforme de visio-expéditions au service de l’engagement.

Plutôt visionner le reportage sur notre chaîne

La préservation du bocage est donc un atout au quotidien sur l’exploitation. La gestion durable des haies peut-elle également représenter une opportunité économique ?

Même si la gestion durable des haies a des bénéfices directs (sur la production de miel notamment), la plupart des effets sont indirects. La protection des haies permet entre autres de préserver des habitats pour des insectes auxiliaires des cultures : certains arbres abritent par exemple les coccinelles, qui vont manger les pucerons. Dans l’ensemble, notre bocage permet l’équilibre du système de l’exploitation. Beaucoup d’agriculteur·ice·s perçoivent encore l’entretien de la haie comme une contrainte car cela demande un temps considéré comme perdu si le bois de bocage n’est pas valorisé derrière. C’est pour cette raison qu’il y a 15 ans, une association d’agriculteur·ice·s s’est formée pour réfléchir à la valorisation de leur bois de bocage dans une filière bois-énergie sur le territoire.

Plusieurs chaufferies ont alors été construites ; et il y a 10 ans, l’association s’est transformée en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Aujourd’hui, elle rassemble fournisseur·se·s et acheteur·se·s (les collectivités) pour discuter des quantités, des prix de vente et d’achat. En s’approvisionnant auprès de la SCIC, des établissements publics comme un collège, un EPHAD et des bâtiments municipaux garantissent des débouchés aux agriculteur·ice·s qui préservent le bocage en le gérant durablement.

Il existe encore d’autres manières de valoriser le bocage : il peut constituer une ressource fourragère quand les étés sont secs et que l’herbe fait défaut. Les billes de châtaignier et de chêne peuvent aussi être valorisées en bois d’œuvre dans les constructions.

En s’approvisionnant auprès de la SCIC, les collectivités soutiennent les agriculteur·ice·s qui entretiennent correctement le paysage et font attention aux arbres de leur bocage”
- Lucie Winckler, agricultrice -
Lucie Winckler © InExpeditions

Comment les producteur·ice·s de la SCIC garantissent-ils·elles la gestion durable de leurs haies ?

Nous avons rédigé une charte de gestion durable du bocage qui garantit des pratiques respectueuses du bocage de la part de l’ensemble des producteur·ice·s de la SCIC. Et nous bénéficions désormais de la certification au Label haie, un label national avec un cahier des charges qui impose des pratiques de gestion durable du bocage pour éviter de prélever la ressource sans la régénérer. Nous avons effectué la démarche de labellisation en 2020, nous avons donc fourni nos premiers stocks de bois labellisés au mois de septembre 2021.

Le Label haie cherche à assurer que la ressource du bois de bocage soit effectivement renouvelable. Le cahier des charges du label impose notamment des pratiques de coupe favorisant une bonne repousse (coupe franche faite au plus près du tronc ou du sol entre autres). La préservation de la biodiversité est également prise en compte : il faut par exemple conserver le lierre dans les arbres car il abrite une biodiversité très importante. Les arbres morts doivent aussi être maintenus sur le talus car ils offrent de la nourriture pour toute une faune et peuvent présenter les cavités qui constituent des abris pour les chouettes par exemple.

Lierre et talus, La biodiversité sur le terrain au GAEC de Trévarn, 26 janvier 2021 © Agence Bretonne de la Biodiversité

📚 Le Label Haie, kézako ?

Un doc pratique présente cet outil au service de l’ensemble de la chaîne de valeur haie-bois.
👉À télécharger sur MaQuestion #biodiversitéBZH

Christophe Le Roux, vous êtes maire de Bannalec (29). Vous nous recevez sur la chaufferie de votre commune mise en route en 2018. Pouvez-vous nous parler de votre approvisionnement en bois ?

Christophe Le Roux : Nous sommes dans une commune d’environ 6000 habitant·e·s, dont je suis maire depuis mai 2020. Le projet de construction de la chaufferie de Bannalec date de 2013, mais la mise en fonctionnement remonte en effet à 2018. Nous consommons 400 tonnes de bois par an avec cette chaufferie. Ce qui nous intéresse dans ce projet, c’est de nous approvisionner en local pour valoriser notre bocage, soutenir les emplois locaux d’une filière propre au territoire et décarbonée. C’est pourquoi, nous nous fournissons auprès de la SCIC.

L’intérêt de la SCIC est de rassembler tou·te·s les acteur·ice·s autour d’une même table. Nous réunissons tous les ans les producteur·ice·s, les gérant·e·s de la SCIC et les consommateur·ice·s. Les prix sont fixés collectivement, en connaissance de toute la chaîne de valorisation du bois : des contraintes du producteur au talus jusqu’à la phase de séchage du bois et de la consommation. Nous sommes dans une démarche vertueuse : l’exploitation du bocage dans de bonnes conditions participe à sa préservation tout en conservant une biodiversité sur les terres agricoles et en soutenant des emplois sur le territoire.

Christophe Le Roux, maire de Bannalec (29) © InExpeditions

Ce qui nous intéresse dans ce projet, c’est de nous approvisionner en local pour valoriser notre bocage, soutenir les emplois locaux d’une filière propre au territoire et décarbonée.
- Christophe Le Roux, maire de Bannalec (29) -

Nous sommes très intéressé·e·s par la démarche de labellisation reconnue au niveau national. Le Label haie concerne 84 gestionnaires en France dont déjà 11 agriculteur·ice·s sur notre territoire. Cet outil permet non seulement d’accompagner les exploitant·e·s dans l’amélioration de leurs pratiques de gestion du bocage, mais aussi de garantir la transparence des pratiques et la provenance du bois. En entrant dans le processus de labellisation avec la SCIC, nous avons franchi une nouvelle étape dans la préservation et la valorisation du bocage local.

CONTACT
Anne-Gaëlle TOUMINET
Cheffe de projet ingénierie
07 01 94 67
annegaelle.touminet[at]biodiversite.bzh
Comment améliorer l'accueil de la faune et de la flore sauvage sur les exploitations agricoles ?
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