[Vidéo] Aubépine, un interprète des arbres pour l’aménagement urbain

Publiée le 19 mai 2022

#biodiversitéBZH, le portrait

Chaque année, en France, l’artificialisation de 65 000 hectares de terre fragilise les écosystèmes, détruit la biodiversité et éloigne les citoyen·ne·s de la nature. La Bretagne est la troisième région ayant le plus fort taux d’artificialisation, en particulier dans les métropoles et sur le littoral. Dans les territoires urbains, la résorption de ces phénomènes représente un enjeu crucial de résilience face aux changements climatiques. Dans son plan biodiversité de 2018, le Gouvernement fait d’ailleurs du retour de la nature en ville une action prioritaire, avec l’objectif d’atteindre 1 arbre pour 4 à 10 habitant·e·s dans toutes les villes et les métropoles. Comment cette réalité se décline-t-elle sur le terrain en Bretagne ? Pour le savoir, nous sommes parti·e·s à la rencontre d’un bureau d’études atypique, qui place l’arbre au cœur des projets d’aménagement urbain. On vous emmène auprès de Sabine El Moualy, du cabinet Aubépine !

Sabine El Moualy, Aubépine © In:Expeditions

Bonjour Sabine, et merci beaucoup de nous recevoir ici, dans le bureau d’études Aubépine. Pouvez-vous nous raconter l’histoire d’Aubépine et nous expliquer en quoi consiste votre activité ?

Sabine El Moualy, gérante du bureau d’études Aubépine : Aubépine est un bureau d’études spécialisé sur l’arbre et sa prise en compte dans les projets d’aménagement urbain. Pour simplifier, on peut dire qu’Aubépine est le « docteur des arbres » : nous proposons un diagnostic sur la place et le traitement des arbres dans les projets d’aménagement. Aubépine a été créé en 1999 par Pierre Bazin, ingénieur horticole, sur les conseils d’un paysagiste concepteur qui sentait que l’arbre devenait un sujet central dans l’urbanisme.

Les sujets sur lesquels nous sommes sollicité·e·s ont évolué au fil du temps. Au début, on nous demandait beaucoup d’études sur le bocage breton en bord de routes. Puis la demande a porté sur la gestion du patrimoine arboré dans les villes. Depuis 5 ans, c’est la question de l’arbre dans l’aménagement qui a explosé. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : les citoyen·e·s sont aujourd’hui beaucoup plus sensibilisé·e·s à la préservation de la biodiversité et refusent de plus en plus que l’on abatte les arbres lors d’opérations immobilières, et la nouvelle génération de promoteurs et concepteurs a été bercée par les principes du développement durable. La crise du COVID-19 a aussi accentué le besoin de nature urbaine de proximité.

« Les citoyen·e·s sont aujourd’hui beaucoup plus sensibilisé·e·s à la préservation de la biodiversité et refusent de plus en plus que l’on abatte les arbres lors d’opérations immobilières »
- Sabine El Moualy, géographe, cartographe et gérante d’Aubépine -

📺 #BIODIVERSITÉBZH, LE PORTRAIT : SABINE EL MOUALY




Nous avons rencontré Sabine El Moualy, géographe, cartographe et gérante d’Aubépine, en novembre 2020. Rencontre au pied des arbres intégrés à un futur projet d’aménagement urbain à Cesson-Sévigné (35).
Tournage réalisé dans le cadre d’une Breizh:Expedition proposée par In:Expeditions, plateforme de visio-expéditions au service de l’engagement.

Plutôt visionner le reportage sur notre chaîne

Nous avons pu nous rendre sur une parcelle en cours d’aménagement avec Claire Genton (chargée de mission environnement et droit chez Aubépine), qui nous a montré ses outils et la façon dont elle travaille sur le terrain. Pouvez-vous nous expliquer comment se déroule typiquement un diagnostic mené par votre bureau d’études ?

Notre mission, c’est de savoir quels arbres sont présents sur la parcelle, dans quel état ils sont, et connaître ceux qui ont un intérêt paysager, un intérêt au niveau de la biodiversité, ou autre. Il nous faut deux ou trois jours pour passer au pied de chaque arbre, les étiqueter et récolter toutes les informations nécessaires : l’essence, la hauteur, le diamètre au pied et au tronc, la vitalité, l’état sanitaire, etc. On note aussi la présence de bois morts, de cavités dans le tronc qui peuvent être utiles à la faune comme refuge par exemple.

À partir de ces informations, on crée une fiche d’identité de chaque arbre et on les note de 0 à 5 (0 si l’arbre est mort et 5 s’il n’y a rien à signaler). Après, on cartographie la parcelle avec différentes couleurs selon l’état des arbres et on ajoute à cette cartographie les actions que l’on recommande.

L’idée, c’est d’utiliser les outils des paysagistes qui travaillent sur le projet immobilier pour leur fournir des calques. En superposant nos cartographies aux plans d’aménagement, ils et elles voient jusqu’où vont les feuilles des arbres sur le terrain. Ça leur permet d’avoir une idée de l’état général du site et de situer les arbres sur lesquels nous préconisons certains soins ou certaines actions.

Claire Genton (chargée de mission environnement et droit chez Aubépine)

Vos partenaires principaux sont donc les paysagistes, à qui vous fournissez votre diagnostic sur l’état du terrain. Nous avons justement rencontré Cyril Moeneclaey, paysagiste du projet immobilier en cours sur la parcelle que nous venons de visiter. Cyril, pouvez-vous nous parler de ce projet d’aménagement et nous expliquer les modalités de votre collaboration avec le cabinet Aubépine ?

Cyril Moeneclaey, Réalités : Le projet d’aménagement de l’îlot C7 que vous venez de visiter s’appelle Movies et il est porté par le cabinet Réalités. C’est un espace qui va accueillir 2 écoles, un siège mondial de société et une résidence étudiante de plus de 200 logements. C’est donc un programme de construction assez dense. Or, cette parcelle a un caractère écologique exceptionnel au sein de cette densité urbaine, puisqu’elle comporte un reliquat d’un système bocager ancien.

De ce caractère écologique unique, nous avons voulu faire un atout pour le projet. C’est pour ça que nous avons fait appel au cabinet Aubépine. On s’est servi du diagnostic d’Aubépine et de ses données fines et pointues pour approfondir notre connaissance du site et de son patrimoine végétal. En entrant dans la phase opérationnelle du projet, il nous a paru évident de poursuivre avec l’expertise du bureau d’études. Après nous avoir aidé·e·s dans la compréhension du patrimoine végétal du site, Aubépine nous accompagne aujourd’hui dans l’abattage des arbres, la préparation du terrain et la phase d’aménagement, pour que le chantier ne soit pas traumatisant pour le patrimoine végétal.

Cyril Moeneclaey (paysagiste chez Réalités) et Sabine El Moualy

Sabine, vous nous avez expliqué que les sujets sur lesquels Aubépine était sollicitée évoluent au fil du temps. Quel est, selon vous, l’avenir de votre bureau d’études et de ses thématiques d’expertise ?

La première évolution concerne la taille du cabinet. Il y a aujourd’hui une explosion de la demande pour notre expertise, donc le cabinet recrute. Or notre métier n’existe pas vraiment : il faut allier technicité sur l’arbre et maîtriser les codes de l’urbanisme. C’est un profil assez rare.

L’évolution de notre métier au sens plus large est liée au numérique et au collaboratif. Aujourd’hui, l’enjeu de la préservation de la biodiversité est fortement lié à la connaissance du territoire. C’est pour ça que nous avons développé un partenariat avec la startup nantaise Sylvamap, qui développe un outil de cartographie collaborative de la forêt. Nous sommes soutenus par la Région Bretagne et par Rennes Métropole pour développer ce genre d’applications participatives.

L’un de nos enjeux, c’est aussi de trouver l’équilibre entre la préservation de la biodiversité et l’aménagement urbain. On milite bien sûr pour la préservation des arbres ; il faut aussi qu’ils ne créent pas trop de dérangement – surtout dans les espaces urbains denses – pour que les habitant·e·s puissent justement les apprécier à leur juste valeur (zone d’ombrage, îlot de fraîcheur, etc.). C’est toute la complexité de notre métier.

2ÈME ÉDITION DES ATELIERS SPÉCIALE « AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE »

Aménager le territoire en prenant (mieux) en compte la préservation et la reconquête de la biodiversité : c’est le thème phare des Ateliers en 2022. Vous souhaitez monter en compétence sur le sujet ?
👉 Rendez-vous le 22 septembre à Rennes et le 20 octobre à Vannes !

Un Réseau structuré pour aider à intégrer la biodiversité dans l'espace urbain
Un Réseau structuré pour aider à intégrer la biodiversité dans l'espace urbain

Vous souhaitez préserver la biodiversité au sein d’un futur projet d’aménagement urbain ? L’interface MaQuestion #biodiversitéBZH peut vous mettre en relation avec Sabine El Moualy et d’autres contacts
du Réseau breton de l’accompagnement, des ressources documentaires et des pistes de financement !

Tester cet outil 3 en 1
Les Ateliers : Projets #biodiversitéBZH "aménagement du territoire"

Aménager le territoire en prenant (mieux) en compte la biodiversité : c’est le thème phare des Ateliers en 2022. Vous souhaitez monter en compétence sur le sujet ? Venez découvrir, échanger, partager et renforcer vos connaissances sur des outils, des méthodes, des actions possibles à mettre en place en bénéficiant de l’expertise et de retours d’expérience de professionnel·le·s breton·ne·s.

Rendez-vous le 22 septembre à Rennes et le 20 octobre à Vannes !