Bâti et atlas de la biodiversité : inspirez-vous des actions des communes de Dinan agglomération !

Publiée le 12 décembre 2023

Dinan Agglomération est lauréate de l’appel à projets « atlas de la biodiversité » de l’Office français de la biodiversité en 2023, au même titre que 7 autres collectivités bretonnes (Saint-Malo Agglomération, Pontivy Communauté, les communes de Pluvigner, d’Allaire, de Quiberon et le projet des trois communes de Mordelles, Le Rheu et Chavagne). Ce deuxième atlas sur ce territoire permet de poursuivre les actions sur de nouvelles communes de l’intercommunalité.

Couvrant plus de 1000 hectares et comprenant 65 communes, sa taille rend difficile la réalisation d’un Atlas de la Biodiversité Intercommunale (ABI) sur l’ensemble de l’agglomération en une seule fois. La démarche vise ainsi à toucher le maximum de communes avec comme objectif de démontrer que la biodiversité n’est pas une contrainte!

Dinan agglomération a dédié nombre d’actions de son atlas au bâti, l’un des marqueurs de l’emprise humaine sur les milieux naturels. Malgré tout, de nombreuses espèces d’oiseaux et de chauves-souris s’y adaptent et trouvent, dans nos murs et sous nos toitures, des substituts aux cavités naturelles. Comment alors intégrer le sujet dans les stratégies d’aménagement pour mieux cohabiter avec la biodiversité ?

Murins à oreilles échancrées © Matthieu Ménage

🗺 Niveau communal ou intercommunal ? Quelle échelle pour cet atlas ?  

Dinan Agglomération a fait le choix de concentrer les actions de son atlas sur ses communes pour plusieurs raisons :

  • L’intercommunalité s’avère être un niveau stratégique intéressant pour la mise en œuvre d’un projet en faveur de la biodiversité, car elle permet d’appréhender l’état de la biodiversité et d’apprécier les connexions entre les milieux naturels des différentes communes. Cependant, le calendrier administratif ne permettait pas à Dinan agglomération d’agir pleinement sur ce type de projet. Le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) ayant été récemment validé, il eut été difficile de faire évoluer le document d’urbanisme sur le court terme.
  • D’un autre côté, l’échelle communale constitue l’échelon adapté pour l’action opérationnelle. Pour s’assurer de résultats concrets et visibles, l’intercommunalité a justement estimé qu’il fallait agir à cette échelle de vie pour les habitant·es et acteurs du territoire.

👉 Positionnement également adopté par le Parc naturel régional du Golfe du Morbihan et ses 33 communes. (en savoir plus)

Pour Sophie Dubois, technicienne biodiversité et filière bois en charge de l’ABI : « Afin de s’assurer de la réussite de l’atlas et au regard du budget du projet, il a été décidé de limiter certaines de ses actions à 20 communes. Après avoir organisé des réunions de secteur avec les 64 communes (en 2020) et après avoir présenté le projet lors d’une conférence des maires, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé. 25 communes se sont portées volontaires. Afin de ne pas décourager les communes non sélectionnées, ces dernières ont pu bénéficier de certaines actions de l’atlas, notamment des ateliers thématiques (pollution lumineuse, entretien des lavoirs, gestion différenciée, forêt, bocage et agriculture…) ».

Cette sélection a permis de s’assurer de la motivation des communes, essentielle pour que les actions de diagnostic et de sensibilisation fassent émerger des actions concrètes une fois l’atlas terminé. Les 20 communes ont ensuite réalisé un plan d’actions validé en Conseil municipal. « La validation politique est essentielle pour poser le plan d’actions dans le temps » explique Sophie.

Communes participantes par l’ABI de Dinan agglomération

🏡 Le choix du bâti comme thématique centrale

Dans le cadre de son atlas de la biodiversité, Dinan Agglomération a mis en œuvre des actions dites « classiques » dans le cadre d’un atlas telles que de la mobilisation citoyenne, des inventaires naturalistes ou encore l’organisation d’événements et d’animations. Alors que de nombreux atlas se concentrent sur les milieux naturels, l’intercommunalité a fait le choix de positionner nombreuses de ses actions sur le bâti.

Pourquoi le bâti ? Pour Matthieu Ménage, spécialiste des chauves-souris au sein de l’association CAWA [et membre du Réseau de l’accompagnement des projets #biodiversitéBZH 😉], qui a accompagné Dinan Agglomération et les communes de l’atlas sur ce volet-là : « Il y a un vrai intérêt à travailler dessus. De nombreuses espèces indicatrices comme les chauves-souris y vivent. Or, nous remarquons que plusieurs de ces espèces (le grand rhinolophe, la pipistrelle commune, le grand murin…) sont impactées négativement par les rénovations et les nouvelles méthodes de construction. Nous avons perdu près de 46% des contacts acoustiques en 10 ans ».

Pipistrelle commune – Dinan Agglo © Matthieu Ménage

 

Des inventaires portant sur le foncier public (mairies, écoles, médiathèques, églises…) ont été réalisés en y associant toujours, a minima, un binôme élu·es – technicien·nes et parfois un public plus élargi. L’objectif étant de sensibiliser sur le sujet et de montrer qu’il existe de nombreuses solutions souvent très simples mais qui permettent de faciliter la cohabitation.

« Pour les chauves-souris, par exemple, à la suite des inventaires et des diagnostics, chaque commune participante s’est vu remettre une liste de l’ensemble des bâtiments communaux examinés qui pouvaient recevoir des aménagements favorables à la biodiversité. Cette liste inclut notamment différentes actions à mettre en œuvre avec des niveaux d’ambitions et des coûts variés. Le choix a été fait par l’intercommunalité de laisser une marge de manœuvre aux communes. Si les communes choisissent elles-mêmes les actions à inscrire dans le plan d’actions, elles seront plus facilement motivées pour les réaliser ».

Aujourd’hui, les communes se sont approprié le sujet et de nombreuses initiatives ont germé, explique Sophie Dubois, par exemple :

  • « La commune de Saint-Méloir-des-Bois qui possède de nombreux bâtiments en pierre très anciens a décidé de conserver des joints non colmatés sur la majorité de ses bâtiments pour faciliter l’accueil de la petite faune (Chouette effraie, Moineaux domestiques…).
  • La commune de Dinan doit détruire un bâtiment qui risque de s’effondrer. Cependant, une colonie de chiroptères y est installée. La collectivité réalise actuellement une étude afin de trouver une solution pour limiter l’impact du chantier sur les chauves-souris.
  • La commune d’Evran intègre le sujet de la biodiversité dans le cadre de ses permis de construire et des projets de rénovation des propriétaires privés en expliquant aux habitant·es les actions à prendre en compte et le calendrier à respecter pour limiter l’impact des chantiers.

Adapter le calendrier des travaux : entretien des toitures, aménagement des combles, traitement des charpentes, jointement et recrépissage.Exemple de recommandations proposées par la Commune d’Evran

  • La commune de Plouër-sur-Rance a déjà réaménagé une dizaine de ses bâtiments via des actions de réouverture de site (notamment dans le cadre de la rénovation de l’étanchéification des combles et des caves).
  • La commune de Le Hinglé a décidé d’agir auprès des propriétaires privés pour rappeler lors des démarches administratives (déclaration préalable de travaux, permis de construire…) les règles à respecter pour protéger la biodiversité et proposer des préconisations.
  • Les communes et l’EPCI ont également lancé des actions afin de lutter contre la pollution lumineuse notamment au travers de la signature d’une charte de bonnes pratiques avec le syndicat départemental d’Energie des Côtes d’Armor (SDE22)
  • De son côté, l’intercommunalité va lancer des travaux sur une trame chauve-souris afin de mieux appréhender leur présence sur l’ensemble du territoire et pouvoir faire évoluer ses actions pour mieux préserver l’espèce.
  • Enfin, dans le cadre du 2ème atlas, Dinan agglomération va elle-même lancer des actions sur son propre bâti au même titre qu’une dizaine de nouvelles communes ».
Nous remarquons que plusieurs de ces espèces (le grand rhinolophe, la pipistrelle commune, le grand murin…) sont impactées négativement par les rénovations et les nouvelles méthodes de construction. Nous avons perdu près de 46% des contacts acoustiques en 10 ans.
- Matthieu Ménage, Nozigell -

💡Quelles recommandations pour réussir son atlas ?

Afin de vous donner quelques pistes pour lancer des projets d’atlas de la biodiversité en 2024, nous avons demandé à Sophie et Matthieu s’ils avaient des conseils à vous adresser. En voici quelques-uns :

Pour Sophie Dubois : « Lors du lancement de l’atlas, il y a un intérêt à avoir un partenaire technique tout au long du projet (association locale, parc naturel régional, syndicat mixte…) qui va pouvoir vous faire bénéficier de ses connaissances et compétences. Mais le partenariat technique n’est pas suffisant. Il est aussi important que la collectivité porte efficacement le projet. Cela implique de mobiliser de la ressource humaine sur le projet, et, selon la taille de la collectivité, cela peut nécessiter jusqu’à un poste à temps plein ».

« Il est nécessaire d’anticiper la mobilisation sur le long terme des collectivités, une fois l’atlas terminé. J’ai plusieurs recommandations pour répondre à ce besoin :

  • Il est important d’avoir un binôme élu·e-technicien·ne (ou habitant·e selon la taille de la collectivité). En effet, si le projet n’est porté que par une seule personne, il y a un risque que le projet s’arrête si elle quitte la collectivité.
  • Il est nécessaire que le projet soit porté par l’ensemble du Conseil municipal ou du Conseil communautaire. Pour ce faire, je recommande fortement que le plan d’actions qui finalise l’atlas soit voté par les élu·es.
  • Le plan d’actions doit être composé d’actions concrètes et réalistes. Avoir des actions simples, rapides (et souvent peu coûteuses) est important pour pouvoir lancer la démarche ».

Plan d’actions de la commune de Landébia

De son côté, Matthieu Ménage propose quelques conseils spécifiquement sur le sujet du bâti : « La question du calendrier est primordiale. Si on se trouve devant un bâtiment qui doit être rénové ou détruit, il faut prévoir des inventaires qui ne peuvent se dérouler qu’à des périodes spécifiques (par exemple : entre juin et mi-septembre pour les chauves-souris), il est également nécessaire de prévoir un temps pour rédiger des rapports si des espèces protégées sont présentes et enfin, il y aura potentiellement le besoin de solliciter une dérogation auprès des services de l’État et de prévoir des solutions pour les espèces présentes. Toutes ces démarches peuvent prendre jusqu’à 1 an. Il est donc très important de sensibiliser et de former les collègues qui travaillent sur l’urbanisme pour que les projets intègrent la biodiversité le plus en amont possible. »

Vous l’avez compris, l’accueil optimal de la biodiversité dans les bâtiments est un enjeu crucial à l’heure où l’on déploie la rénovation énergétique des infrastructures. Ce sera d’ailleurs l’une des thématiques des Ateliers de la #biodiversitéBZH au printemps 2024 en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan. 🗓 Dates et programme bientôt disponibles !

Vous souhaitez lancer votre atlas de la biodiversité ? L’interface MaQuestion #biodiversitéBZH va vous mettre en relation avec des ressources documentaires, des contacts
du Réseau breton de l’accompagnement et des pistes de financement !

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Votre expérience des Atlas de la Biodiversité Communale
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Dans le cadre de l’évaluation des ABC en Bretagne, l’Office français de la biodiversité propose une enquête en ligne pour lui faire un retour de vos avis sur cette démarche, en lien avec votre expérience, qu’elle soit en cours ou terminée, que vous soyez référent·e, contributeur·ice ou partenaire & prestataire.

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Un podcast sur les ABC en Bretagne
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