Inventorier la biodiversité : un atlas au Pays d’Iroise pour passer à l’action !
Il y a quelques semaines, l’atlas de la biodiversité de Dol-de-Bretagne (qui couvre aussi les communes d’Epiniac et de Baguer-Pican) en Ille-et-Vilaine, remportait un Trophée des Atlas dans la catégorie « connaître ».
« Connaître », « mobiliser », « agir et planifier » sont les trois piliers des Atlas de la biodiversité communale, dispositif de l’Office français de la biodiversité (OFB) qui a soutenu plus de 3 500 communes depuis 2017.
Comment identifier et choisir les espèces et usages à analyser sur le territoire ?
Éléments de réponse avec Chloé Thébault, chargée de mission sur l’Atlas de la biodiversité intercommunale (ABI) de la Communauté de communes du Pays d’Iroise dans le Finistère.
Lancement de l’Atlas de la biodiversité dans le Pays d’Iroise
Créé en 2023, il fait suite à l’atlas porté par l’une de ses communes ; Porspoder, en 2020. Les résultats positifs sur Porspoder, en termes de mobilisation et d’actions, ont encouragé les élu·es de l’intercommunalité à s’investir collectivement sur ce projet.
Le projet, soutenu conjointement par l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Région Bretagne est porté en régie par Chloé Thebault (chargée de mission Atlas de la biodiversité) et Pascal Gautier (responsable Espaces naturels). Afin de déterminer les orientations stratégiques de l’ABI, le projet regroupe dans sa gouvernance un échantillon représentatif des acteurs du territoire : élu·es communaux et intercommunaux, Conservatoire du littoral, Parc naturel marin d’Iroise, associations et expert·es naturalistes, mais aussi fédérations de loisirs (randonnée, pêche et chasse) et enfin, les responsables de différents services de l’intercommunalité.
Sur le volet « connaissance » du projet, Chloé Thébault explique : « En amont de la partie inventaire de l’Atlas de la biodiversité, l’intercommunalité a réalisé un inventaire de l’état initial des connaissances sur la flore (en partenariat avec le Conservatoire botanique national de Brest – CBNB), sur la faune (en partenariat avec Bretagne Vivante, le GRroupe d’Étude des Invertébrés Armoricains – GRETIA et le Groupe Mammalogique Breton) et un état initial sur les habitats naturels et les poissons d’eau douce ».
Pour Chloé Thebault, « la réalisation de ce travail a permis d’identifier là où les connaissances étaient déjà disponibles en grand nombre (sur le milieu littoral et côtier ou sur les oiseaux hivernants) et là où il y avait un vrai besoin d’inventorier (les milieux ruraux et agricoles, mais aussi les amphibiens et les reptiles). »
Ce travail a également permis de faire un tour d’horizon des actions et des acteurs en lien avec la biodiversité sur le territoire, qui s’inscrivent dans le champ des compétences de l’intercommunalité et des communes ou sont portées collectivement par des associations, des établissements scolaires (4 projets d’aires éducatives) ou à l’échelle individuelle par les citoyen·nes (57 jardins privés labellisés Refuge LPO).
Réalisation des inventaires
À la suite de ce premier travail, les équipes de la communauté de communes et les structures partenaires ont expliqué les résultats de cet état initial aux acteurs de la gouvernance qui ont ensuite pu définir les priorités à inventorier :
- Les milieux boisés : l’intercommunalité a prévu un travail sur 3 des forêts les plus grandes du territoire en partenariat avec les propriétaires privés
- Les milieux landes et tourbières : « L’objectif ici est de mobiliser les habitant·es en y associant des actions de formation et la mise en place de chantiers participatifs (bocage, mares…) pour créer du lien »
- Les parcs et jardins publics des différentes communes avec l’objectif de réaliser des préconisations de gestion différenciée
- Certains habitats littoraux du territoire où il y a des lacunes en matière de données
- Les églises et chapelles pour renforcer l’identification des gites de reproduction des chauves-souris. « Sur ce travail, des actions post-atlas sont déjà identifiées dans le cadre du plan d’actions afin de protéger les gites en question».
- Les lavoirs : inventaire exhaustif sur une cinquantaine d’entre eux, en vue de donner des préconisations sur l’entretien.
- « La plus petite commune (non insulaire) du territoire (Tréouergat) fera l’objet d’un inventaire complet en partenariat avec des étudiant·es de l’UBO. Cette commune bénéficiait de peu de données alors qu’il existe plusieurs lieux propices à la biodiversité ! » détaille Chloé.
- Enfin, plus classiquement, des inventaires sur certaines espèces de la flore vasculaire (avec le CBNB), des insectes (avec le GRETIA) et des reptiles (en régie) sont également prévus.
3 conseils sur la partie diagnostic et ses objectifs :
Anticiper les délais de réalisation des inventaires
« Concernant les inventaires, attention à bien chercher en amont les structures en mesure de les réaliser ! Leurs agendas sont souvent très chargés et cela peut avoir un impact sur les choix d’inventaire qui devront être faits ! »
Prévoir de compléter les données
« Il est également important de prévoir une 2ème année d’inventaires dans le cadre de l’Atlas, pour réaliser des inventaires complémentaires ou pour rattraper des difficultés de calendrier. En effet, plusieurs espèces ou milieux ont des périodes d’inventaires limitées ! »
Travailler en lien avec les services urbanisme et aménagement
« Enfin, si vous souhaitez travailler sur le sujet de l’aménagement et de l’urbanisme, il est fortement recommandé de travailler en transversalité avec les services en question, à la fois dans le cadre de l’ABC mais, il faut que cela aille dans les deux sens et qu’ils vous invitent sur les projets et missions qui les concernent. »
Pour plus d’informations sur les atlas de la biodiversité n’hésitez pas à visiter l’outil MaQuestion #biodiversitéBZH et à prendre connaissance du recueil méthodologique qui identifie les outils à utiliser, ou les trouver, comment les utiliser et les actions à mettre en place pour réussir son projet. D’autres documents sont disponibles comme la Trame Mammifères de Bretagne (du Groupe Mammalogique Breton) ou la cartographie des grands types de végétaux (du Conservatoire Botanique National de Brest).
Focus sur la première orientation autour de la diffusion de la connaissance de la feuille de route 2024-2027 de l’Agence Bretonne de la Biodiversité.