Atlas de la biodiversité : tous·tes mobilisé·es dans le Kreiz Breizh !

Publiée le 20 décembre 2022

Alors qu’une quarantaine d’atlas de la biodiversité sont terminés ou en cours de réalisation en Bretagne et que le prochain appel à projets de l’Office français de la biodiversité est attendu pour le 16 janvier (disponible dans notre rubrique « Appels ! »), prenons un peu d’avance et intéressons-nous à cet outil qui permet aux collectivités d’identifier la biodiversité sur leurs territoires, d’encourager la mobilisation citoyenne et d’anticiper des actions à entreprendre pour préserver la biodiversité. Aujourd’hui, nous allons nous demander comment les Atlas de la Biodiversité Communale ou Intercommunale (ABC, ABI) peuvent susciter un élan participatif au sein de la population ?
Pour vous inspirer, direction le centre Bretagne ! La Communauté de communes du Kreiz-Breizh (CCKB) d’un peu moins de 19 000 habitant·es dans le sud-ouest des Côtes d’Armor s’est engagée dans la réalisation d’un atlas de la biodiversité en 2021. Comment parvient-elle à mobiliser autour de cet enjeu sur son territoire ? Retour d’expérience avec Gaby Sibéril, chargé de mission ABI.

Sortie de formation sur la flore © CCKB

Avant d’essayer de répondre à cette question, un petit retour en arrière s’impose pour rappeler l’un des premiers objectifs d’un atlas : diagnostiquer le territoire. Pour réaliser un état des lieux, il faut effectuer une synthèse des données existantes et la compléter par des inventaires via les travaux d’acteurs experts (bureaux d’études, associations ou naturalistes bénévoles ; sélection ci-contre). En apportant des données supplémentaires et en contribuant à enrichir la connaissance des espèces du territoire, les citoyen·nes ne sont pas en reste !

Quel intérêt de mobiliser les habitant·es du territoire ?

L’atlas de la biodiversité est propice aux échanges. Dès son lancement, les communes ou EPCI peuvent les sensibiliser en partageant les connaissances afin de leur faire comprendre l’importance de la biodiversité et les informer sur des actions potentielles qui requerront leur participation.
Le but du jeu ? Que la connaissance de la biodiversité soit la plus étendue possible en obtenant, via la mobilisation citoyenne, des infos sur des secteurs du territoire non couverts par les inventaires existants. En effet, les inventaires des associations ou des bureaux d’études, s’ils sont plus complets, ne pourront en revanche pas se faire sur l’ensemble du territoire d’une commune ou d’un EPCI, il est donc important de réussir à mobiliser le public.

Comment la CCKB a-t-elle mobilisé un public citoyen sur le diagnostic ?

De nombreux moyens sont envisageables. La Communauté de communes du Kreiz-Breizh en a mis quelques-uns en pratique :

  • Les sciences participatives 🔎

En démultipliant les observations, les données collectées sont valorisées au niveau national. La commune ou l’EPCI sera en mesure de baser ses actions sur des conclusions scientifiques. Les sciences participatives permettent aussi de répondre à des questions auxquelles les scientifiques ne pourraient pas répondre seul·les. Grâce à la participation citoyenne, on peut récolter des données en plus grand nombre ou encore aider à l’analyse de données. Plusieurs programmes de sciences participatives existent ; la CCKB participe à celui sur les oiseaux de jardins et les plantes sauvages (Sauvages de ma rue) mais il en existe quantité d’autres ; sur les vers de terre (observatoire participatif des vers de terre), la laisse de mer (Plages vivantes), les insectes polinisateurs (SPIPOLL) ou encore les amphibiens, n’hésitez pas à consulter le site OPEN (Observatoires Participatifs des Espèces et de la Nature) qui rassemble tous les programmes de sciences participatives dont Vigie Nature, LA référence en la matière – fondé et porté par le Muséum national d’Histoire naturelle -, pour trouver celui qui pourrait intéresser votre territoire.

  • Des appels à témoins 📣

Gaby Sibéril, chargé de mission ABI à la CCKB : « A la CCKB, nous en avons diffusé un sur la Chouette effraie aux habitant·es, et ce, en deux étapes. Dans un premier temps, on les a sollicité·es pour collecter des pelotes de rejection de l’espèce en suivant une procédure particulière. Cela permet d’identifier où l’espèce est présente dans le Kreiz Breizh. Ensuite, nous organiserons un atelier participatif pour examiner les pelotes et ainsi améliorer la connaissance des micromammifères ».
Cet outil permet d’impliquer facilement la population lors d’espèces emblématiques (Hérissons, Hirondelles, Chauves-souris…) au moment opportun. Les appels à témoins ont pour objectif de faire remonter des informations faciles à trouver pour les citoyen·nes : lieu, date, heure, nombres d’individus et quelques informations complémentaires (particularité du lieu, comportement de l’individu).

« Le but du jeu pour nous était de centraliser les informations et mobiliser le public sur un même outil. Cet outil s’intéresse à toutes les espèces a contrario de l’appel à témoins. Il permet d’impliquer les habitant·es en continu au fil de leurs observations. Si l’outil fonctionne bien, c’est parce que l’on communique constamment dessus afin d’élargir le public et augmenter le nombre de signalements ou données sur le site. »

Voici des pistes concrètes pour aider les citoyen·nes à participer lors la phase diagnostic d’un atlas de la biodiversité, mais pour que ces dernier·es se mobilisent, encore faut-il les informer de la démarche. Comment faire ?

  • Programmer des évènements communaux 🍻

« La CCKB a organisé en 2022 8 « cafés-biodiversité » dans différentes communes de l’EPCI. Cet évènement se déroulant dans des lieux de convivialité ; bars ou restaurants a permis de toucher un public pas nécessairement sensibilisé à l’enjeu du Vivant. Chaque évènement traite d’un sujet de la biodiversité différent afin de diversifier les thématiques de conversations et ainsi maintenir l’attention des participant·es. Le dernier qui a eu lieu en octobre a d’ailleurs fait salle pleine ! A la belle saison, l’EPCI a investi le marché de Rostrenen. Objectif : présenter l’atlas, encore une fois à un public pas nécessairement actif sur le sujet et moins présent sur les outils numériques ».

Café biodiversité © CCKB

Enfin, un dernier conseil pour l’organisation d’évènements ; faire référencer son rendez-vous lors d’un évènement à portée nationale comme la Fête de la nature, afin de bénéficier des actions de communication prévues. Gains de visibilité garantis ! Une stratégie pour laquelle le Kreiz Breizh a opté en 2022. En février, les zones humides sont à l’honneur lors de la Journée mondiale qui leur est consacrée. Votre commune ou EPCI a restauré des zones humides ?  Faites-vous connaître !

  • Organiser des sorties nature 🐞

Ces animations permettent aux citoyen·nes de partir à la recherche des animaux et/ou des plantes du territoire avec un·e naturaliste expert·e qui pourra les aider à mieux connaître la biodiversité qui les entoure. Un bon moyen de transmettre de conseils sur la manière d’inventorier la faune et la flore et des bonnes pratiques à suivre pour aider la biodiversité. « La communauté de communes du Kreiz-Breizh a ainsi pu organiser en 2022 plusieurs sorties sur la flore et les oiseaux et étendra en 2023 ses sorties sur les Coléoptères ».

  • Communiquer sur les actions de la commune 🗞

Que ce soit sur le site internet, les réseaux sociaux, les journaux régionaux ou certains bulletins des communes de l’EPCI, la collectivité adopte une stratégie de communication multicanale. « Cette année, nous avons pu également lancer une communication sur les espèces exotiques envahissantes, leurs impacts et les actions pour les éliminer. Cette campagne a eu un certain succès auprès des communes et de la population et sera réactivée en 2023 » précise Gaby Sibéril.

  • S’adresser à des publics cibles 👨‍🌾 🧒🏻

Créer des effets leviers, mais aussi diffuser des actions à appliquer dans le cadre de leur activité professionnelle ou de leur vie de tous les jours, ces approches spécifiques sont destinées, telles que les pratique la CCKB :

  • aux agriculteur·ices via des rencontres avec les professionnel·les du territoire et leurs réseaux, des partenariats noués avec la chambre d’agriculture ou encore via les sciences participatives et l’observatoire agricole de la biodiversité.
  • aux enfants via la mise en place des balades natures avec l’ensemble des écoles du territoire.
  • Aux services des collectivités (en interne et au sein des 23 communes du territoire) « qui ne travaillent pas nécessairement sur le champ environnemental, via un atelier « fresque de la biodiversité » qui devrait être organisé en 2023 et des journées de sensibilisation pour les services des communes notamment sur les espèces exotiques envahissantes… »

De quoi vous aider à faire avancer votre atlas et/ou à vous donner des idées pour lancer une action similaire sur votre territoire ! Encore besoin de quelques idées ? Voici un lien vers le site BRUDED qui présente les actions de Porspoder sur cette même thématique !

POUR QUE VOTRE ATLAS DE LA BIODIVERSITÉ SOIT UNE OPÉRATION DE MOBILISATION RÉUSSIE, UNE MYRIADE DE RESSOURCES SUR MAQUESTION ! 🛠

A retrouver sur MaQuestion #biodiversitéBZH, l’interface web dédiée aux porteurs de projets #biodiversitéBZH, des fiches retours d’expérience d’autres collectivités bretonnes en termes de mobilisation du public sur le sujet de la biodiversité :

Et bien-sûr les incontournables pour mettre en œuvre un ABC/I : le guide de l’Office français de la biodiversité et le Recueil méthodo : Projets en faveur de la biodiversité  !

L’interface MaQuestion référence également plusieurs professionnel·les compétent·es pour vous aider à la mise en place de démarches de mobilisation ou intervenir dans le cadre d’animations, tou·tes membres du Réseau breton de l’accompagnement. N’hésitez pas à consulter notre outil en y associant le mot clef « EDD » pour trouver ces acteurs du territoire : MaQuestion #biodiversitéBZH, l’interface bretonne des projets biodiversité.

 

CONTACT
Corentin LE BOURHIS
Chef de projet ingénierie
86 61 21 07
corentin.lebourhis[at]biodiversite.bzh
🙋‍♀️ Les sciences participatives au service de la connaissance et de la sensibilisation
🙋‍♀️  Les sciences participatives au service de la connaissance et de la sensibilisation

Cet automne à l’occasion des Ateliers : projets #biodiversitéBZH, un atelier était proposé pour appréhender l’origine, les objectifs et le champ d’application des sciences participatives, le tout illustré de deux retours d’expérience sur l’Observatoire Participatif et Collaboratif des Vers de Terre (OPVT) et sur un ensemble de protocoles  mis en application au hameau de la Bigotière, un « terre-lieu » multifonctionnel situé non loin de Dol-de-Bretagne.
Animation : Université de Rennes 1, Station Biologique de Paimpont et participation : UMR CNRS Ecobio et SCIC Le Ruisseau / Bretagne Vivante.

Présentation de l'intervention disponible !