Financer son projet en 2024 : l’essentiel

Publiée le 10 janvier 2024

Actus, opportunités et tendances de fond… quelles sont les infos incontournables en lien avec le financement des projets favorables à la biodiversité en 2024 (pour bien commencer l’année 😊) ?
7 questions à Corentin Le Bourhis, chef de projet en ingénierie financière à l’Agence Bretonne de la Biodiversité, spécialiste de la question !

Ouessant © Delphine Alexandre

Pour vous, quelle est la principale échéance attendue en 2024 en matière de financement de la biodiversité (pour la Bretagne) ?

La mise en place du Fonds vert en 2023 a permis de voir émerger de nouveaux projets en faveur de la biodiversité que ce soit sur des actions de restauration des milieux, de nature en ville, en faveur de la trame noire ou encore de lutte contre les espèces exotiques envahissantes. Le dispositif va être reconduit et évoluer cette année pour intégrer notamment le financement des atlas de la biodiversité (ABC) de l’Office français de la biodiversité (OFB). 👉 conseils pour préparer votre dossier de candidature ABC lors d’un webinaire régional (replay vidéo et présentation). En revanche, le financement des dépenses de fonctionnement reste toujours difficile à assurer pour de nombreux projets. Des solutions peuvent exister que ce soit dans le cadre des financements publics ou privés, mais elles ne conviennent pas à tous les projets. Ainsi, les dispositifs européens portés au niveau local (par exemple le LEADER) ou régional (FEDER « continuités écologiques »…) peuvent soutenir ce type de dépenses. C’est d’ailleurs un sujet régulièrement abordé au sein du Comité des financeurs #biodiversitéBZH animé par notre Agence.

 

Pourriez-vous nous donner des idées de projets qui pourraient bénéficier de ces financements ?

  • En lien avec l’aménagement du territoire :

Le Fonds vert va subventionner des projets de collectivités en faveur de la renaturation. Cela peut concerner par exemple des projets de végétalisation de centre-ville ou de bâtiments, mais aussi des projets de désimperméabilisation des sols (parking, cour d’école…). Comme en 2023, des sommes importantes sur ce volet sont annoncées pour 2024. L’Agence de l’eau Loire-Bretagne a notamment doublé son enveloppe et dispose de 40 millions d’euros pour son appel à projets « Renaturation des villes et des villages ».

  • Sur la mobilisation des acteurs :

Plusieurs financeurs vont accompagner les actions de mobilisation et de sensibilisation à destination des habitant·es d’une collectivité, du jeune public ou des acteurs socio-économiques. Par exemple, le PASS Transitions de la Région Bretagne qui vise à encourager les transitions écologique, numérique et sociale des entreprises va pouvoir financer des actions en faveur de la biodiversité comme l’organisation de fresques de la biodiversité pour leurs équipes.

  • Sur le lien terre-mer :

La Fondation d’entreprise Grand Ouest (BPGO) lance chaque année un appel à projets pour aider des associations ayant des projets en faveur de la biodiversité et des milieux littoraux. Elle peut financer des actions allant de l’éducation à l’environnement à la restauration des milieux.

  • Dans le domaine de l’agriculture :

L’un des sujets majeurs et plutôt bien soutenu est le bocage. De nombreux financeurs vont accompagner les agriculteur·ices afin d’améliorer la continuité bocagère via le dispositif Breizh Bocage qui regroupe les financeurs publics (fonds européens, Région Bretagne, Départements, Agence de l’eau Loire-Bretagne…) mais aussi des dispositifs privés comme le Fonds pour l’arbre.

 

Parmi tous les financements recensés, peut-on en cumuler plusieurs ? Et si oui, quelles sont les complémentarités possibles ?

En effet, la majorité des dispositifs peuvent se cumuler. Le cumul ayant l’avantage de permettre d’atteindre un niveau de cofinancement important. A titre d’exemple, en 2023 :

  • des projets en faveur de la désimperméabilisation des sols ont pu être, à la fois financés par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et le Fonds vert.
  • la Région Bretagne a cofinancé des projets en faveur des continuités écologiques avec les Départements ou avec l’Office français de la biodiversité.

Attention cependant, les combinaisons ne sont pas toutes permises ! Cela est généralement indiqué dans le cahier des charges des dispositifs en question. De plus, les cofinancements publics en faveur des collectivités ne peuvent pas, sauf exception, dépasser les 80%. La commune ou l’intercommunalité devra financer le projet à minimum à hauteur de 20% avec des fonds propres ou des fonds privés qui peuvent provenir d’une fondation ou d’une campagne de financement participatif. La fondation du Patrimoine a notamment pu compléter le financement d’un projet de restauration de landes d’une commune du Morbihan. Le programme Nature 2050 de la CDC Biodiversité a, quant à lui, financé des projets de renaturation en ville également soutenus par du Fonds vert.

 

Le présent calendrier (à la fin de l’article) ne répertorie que les financements publics. À quels autres financements peuvent recourir les porteurs de projet ?

Outre les financements publics et comme évoqué plus haut, il est également possible de solliciter des fonds privés pour déployer ses projets. La piste principale concerne les fondations et les fonds de dotation qui peuvent aider différents types de projets selon leurs priorités. Viennent ensuite les entreprises bretonnes qui peuvent soutenir directement des projets situés sur leur territoire. Enfin, le financement participatif est une solution intéressante mais qui ne s’applique souvent qu’aux projets de taille modeste (moins de 10 000€). Cependant, on peut aussi le mobiliser pour compléter une partie de l’autofinancement d’un projet de plus grande envergure porté par une association ou une collectivité. A noter : le lancement d’une campagne de financement participatif doit suivre une méthodologie particulière pour avoir une chance de réussir.

 

On sait que la disponibilité des financements est un levier ou un frein pour s’engager dans des projets de territoires favorables à la biodiversité. Comment l’Agence Bretonne de la Biodiversité peut permettre de passer de l’idée au projet ?

Aujourd’hui, beaucoup de projets ne peuvent se lancer s’ils ne sont pas soutenus financièrement. L’évolution des financements publics a même pu mettre en difficulté certains acteurs comme les associations, pour qui la mobilisation de ces fonds peut parfois être complexe à appréhender en raison de leur complexité et de leur multiplicité. Notre Agence facilite le travail des porteurs de projets pour leur permettre de gagner en efficacité :

  • en effectuant un travail de veille auprès de l’ensemble des financeurs dont elle a connaissance et vous pouvez trouver la majorité de ces dispositifs (publics ou privés) sur l’interface  MaQuestion #biodiversitéBZH. Cela permet à tous les porteurs de projet de pouvoir déterminer si actuellement des financements peuvent répondre à leur projet.
  • en contactant directement notre équipe sur cet outil pour identifier les dispositifs en cours ou à venir qui pourraient répondre aux projets.
  • en organisant des webinaires (replay à visionner ici) ou des ateliers d’écriture pour monter son dossier de demande de financement. Certains projets pourront également bénéficier d’un accompagnement individuel et être accompagnés tout le long du montage du projet et pendant son suivi (modalités).

Parmi les acteurs confrontés à des difficultés en matière de recherche de financements, les associations constituent une typologie d’acteurs pour laquelle l’Agence Bretonne de la Biodiversité a d’ailleurs souhaité renforcer son action. Depuis 2021, on travaille en effet à identifier les problèmes…et donc des solutions pour les aider à mobiliser TOUS les leviers pour développer un modèle économique qui leur permette de continuer à porter des projets sur les territoires. Ce travail s’inscrit dans une réflexion globale pour laquelle chaque acteur doit d’ailleurs prendre sa part, les associations elles-mêmes, en mobilisant tous les leviers dont elles disposent, mais aussi les financeurs, en interrogant la logique des appels à projets et des partenariats. Pour encourager la mobilisation de toutes ces pistes, l’Agence organisera en 2024, 4 rendez-vous « Petits Déj’ Assos » en vue de faciliter la montée en compétence des associations sur le mécénat de compétences, les dispositifs de l’économie sociale et solidaire, le financement participatif et aussi partager les actualités en matière de financements (dates à venir dans l’agenda). Ces temps d’échanges viendront compléter un travail de fond déjà amorcé pour interroger les modalités de partenariats ou encore des solutions concrètes pour répondre aux difficultés de trésorerie auxquelles sont confrontées les associations en particulier dans le cadre de projets européens.

Hirondelles de rivage © Dinan agglomération

Les clés pour financer et monter un projet biodiversité : webinaire

Vous travaillez au sein d’une collectivité, d’une association ou d’un organisme public et vous souhaitez monter un projet en faveur de la biodiversité ? Vous voulez mettre toutes les chances de votre côté pour qu’il aboutisse ? Vous recherchez des financements pour vous aider à le lancer ?
👉 Visionnez le replay de notre webinaire qui présente des bons conseils et méthodes.

Depuis 3 ans et le lancement du Comité des financeurs, observez-vous une tendance sur les financements, notamment les thématiques ?

Les financeurs n’ont pas attendu l’arrivée du Comité des financeurs pour essayer de mieux se coordonner. Sa création a cependant permis de simplifier et de multiplier les échanges, et des nouvelles stratégies de cofinancement se sont développées. Ainsi, depuis 3 ans, les différents financeurs publics ont avancé sur la coordination des financements en faveur :

  • des projets de territoire en phase « diagnostic »
  • des projets de territoire en phase « mise en œuvre d’un plan d’actions »
  • des projets d’aires éducatives
  • des projets de Solutions d’adaptation fondées sur la Nature (milieu urbain, littoral et rural).

En 2024, le Comité des financeurs consolidera la dynamique engagée sur ces sujets, abordera de nouvelles thématiques et renforcera le partage d’informations sur les sollicitations des porteurs de projets que chacun peut recevoir.

 

Dans le récap’ ci-dessous, on voit que certains financements sont fléchés à 100% sur des actions biodiversité et d’autres de manière plus indirecte. La préservation de la biodiversité est-elle une condition davantage intégrée dans les programmes de financement en lien avec l’urbanisme, l’agriculture, l’énergie, le tourisme… ?

Cela fait maintenant quelques années que les financeurs publics essaient d’intégrer davantage la biodiversité dans les différentes politiques sectorielles. Si ce n’est pas encore le cas partout, il y a quand même plusieurs exemples de dispositifs qui ne vont pas financer directement des actions pour la biodiversité, mais qui mettent dans les critères de sélection et dans les barèmes de notations la prise en compte de la biodiversité par le porteur de projet. Des programmes vont financer des thématiques spécifiques comme le tourisme ou l’urbanisme en lien la biodiversité.

Au regard des problématiques rencontrées, il est crucial pour les acteurs publics et privés de réfléchir ensemble pour mieux investir dans la préservation de la biodiversité. Cette coordination permet de réorienter une partie des ressources vers les thématiques mal financées. Par exemple, il serait intéressant d’agir sur le foncier. Pour rappel, la Région Bretagne est la 3ème région de France avec le plus fort taux d’artificialisation, ce qui amplifie la fragmentation des milieux naturels. Ouvrir une partie des financements vers des démarches exemplaires en matière de préservation du foncier participerait directement à la protection des milieux et donc à la préservation de la biodiversité. Une autre solution, à défaut de trouver des sources de financement serait d’impulser une réflexion pour limiter le soutien aux projets qui auront des impacts négatifs sur notre environnement, notamment en durcissant les critères de l’éco-conditionnalité sur les soutiens financiers que peuvent apporter les acteurs publics ou privés aux porteurs de projets.

📌 À télécharger : le calendrier des financements publics #biodiversitéBZH 2024

Affichez/téléchargez la version HD en cliquant sur l’image.

Une veille permanente sur tous les financements publics nous permet de chiffrer une enveloppe d’environ 90 millions d’euros destinés à financer des projets en faveur de la biodiversité sur notre territoire en 2024. Ce montant a été calculé en intégrant des fonds européens et nationaux avec une estimation pro-ratisée pour la Bretagne. Les financements des actions internes des financeurs publics (maîtrise d’ouvrage, gestion d’espaces naturels…) ne sont pas intégrés. Les calendriers des financements sont donnés à titre indicatif mais peuvent être modifiés par les autorités de gestion. Liste non-exhaustive et sous réserve de confirmation.

Pour accéder à liste de TOUS les financements (incluant les fonds privés) 👉  RDV sur MaQuestion #biodiversitéBZH

un projet #biodiversitéBZH, késako ?

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CONTACT
Corentin LE BOURHIS
Chef de projet ingénierie
86 61 21 07
corentin.lebourhis[at]biodiversite.bzh

Toutes les pistes de financements (publics et privés) sont répertoriées sur l’interface MaQuestion #biodiversitéBZH.

Accéder aux financements mobilisables pour votre projet
Webinaire régional – préparer son dossier d’ABC
Webinaire régional – préparer son dossier d’ABC

La Direction Régionale Bretagne de l’Office français de la biodiversité organise un webinaire sur la préparation d’un dossier d’ Atlas de biodiversité communale le 17 janvier. Un temps d’échange co-animé avec l’Agence Bretonne de la Biodiversité.

Infos et inscriptions