[Vidéo] Les insectes aquatiques, potentiels alliés des agriculteur·ice·s

Publiée le 23 mars 2021

#biodiversitéBZH, le portrait : Benjamin Bergerot

Benjamin Bergerot, maître de conférences à l’Université de Rennes 1, Rémi Gerber, doctorant et Romain Georges, ingénieur de recherche au CNRS, travaillent au cœur d’une unité de recherche spécifique appelée ECOBIO. Au sein de ce véritable laboratoire pluridisciplinaire, les trois chercheurs affinent leur compréhension des insectes aquatiques émergeant des rivières pour prouver l’impact de leur présence sur les milieux. 

Benjamin Bergerot, UMR ECOBIO © in:Expeditions

Pourquoi nous avoir donné rendez-vous à Trans-la-Forêt ? 

Benjamin Bergerot : Nous avons rendez-vous aujourd’hui à quarante-huit kilomètres au nord de Rennes car c’est ici que nous avons décidé de poser notre matériel d’expérimentation dans le cadre de nos recherches. Rémi Gerber est en thèse et j’encadre son travail avec Christophe Piscart de la même unité de recherche UMR CNRS 6553 ECOBIO ainsi que Jean-Marc Roussel de l’unité de recherche INRAE 0985 ESE. Cette commune est traversée par deux ruisseaux, le Petit Hermitage et le Chesnelais. C’est donc l’idéal pour étudier cette thématique de recherche à l’interface entre milieux aquatiques et milieu terrestre.  

Vous étudiez le comportement des insectes aquatiques pour mieux caractériser leur déplacement dans les paysages agricoles adjacents. Êtes-vous les premiers à réaliser ce type de recherches ? 

Benjamin Bergerot : Une première thèse menée par Julien Raitif (2015-2018) a permis de donner quelques résultats sur lesquels orienter nos recherches. Ensuite, des expériences ont été menées au printemps 2020à Trans-la-Forêt puis étendues à toute la BretagneCes expériences nous ont permis de récolter de nombreux insectesl‘idée étant d’en collecter un maximum pour réaliser des mesures biométriques. Nous avons également développé un protocole expérimental qui avait pour but d’analyser en laboratoire leurs ressources énergétiques. Nous supposons qu’il existe un lien entre les stratégies de vol et les ressources énergétiques des insectes aquatiques lorsqu’ils émergent des cours d’eau. Ce projet de recherche s’inscrit lui-même dans un autre projet plus englobant qui interroge sur le rôle des insectes aquatiques pour l’agriculture.  

📺 #BIODIVERSITÉBZH, LE PORTRAIT : BENJAMIN BERGEROT




On suit Benjamin Bergerot, Rémi Gerber et Romain Georges, tous trois chercheurs à l’unité ECOBIO 6553 entre méandres de rivières et couleurs automnales pour faire connaissance avec les insectes aquatiques, potentiels alliés des agriculteurs et agricultrices.
Tournage réalisé dans le cadre d’une Breizh:Expedition proposée par In:Expeditions, plateforme de visio-expéditions au service de l’engagement.

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Vous voulez dire que le phénomène de déplacement des insectes peut avoir des conséquences sur les terres et donc sur les sols cultivés?

Benjamin Bergerot : Ce n’est pas ce que nous sommes en train de dire, mais c’est justement ce que nous voulons démontrer à travers ces expériences. Notre hypothèse de départ interroge le rôle joué par la décomposition des insectes sur l’enrichissement des solsCe sujet novateur est peu étudié car il décloisonne les milieux aquatiques et le milieu terrestre d’un point de vue scientifique. L’intérêt de notre étude est de souligner l’interaction entre ces écosystèmes. En venant ici, nous avons demandé l’autorisation de mettre en place nos dispositifs expérimentaux auprès de différent·e·s agriculteur·ice·s dont les exploitations jouxtent les cours d’eau. D’ici deux ans environ, nous serons en mesure de répondre à votre question et de vous dire si oui ou non, il y a un lien de cause à effet entre le déplacement des insectes, la composition des sols adjacents et la dépollution des cours d’eau.  

J’utilise les données de terrain et la modélisation pour analyser l’influence du paysage sur les espèces à différentes échelles spatio-temporelles. Au sein d’ECOBIO, mes recherches s’inscrivent principalement en écologie du paysage, en écologie des communautés et en écologie des populations.
- Benjamin Bergerot, maître de conférences à l’Université de Rennes 1, dans l’unité de recherche UMR 6553 ECOBIO -
Au labo de l'UMR ECOBIO 6553 – Rennes 1

Quelles méthodes avez-vous mises en place pour votre protocole de recherche ? 

Rémi Gerber : Nous nous sommes basés sur les résultats préliminaires d’une thèse effectuée par Julien Raitif. Nous avons élaboré des pièges pour les insectes aquatiques volants que l’on nomme des « sticky traps« . Ces pièges sont des feuilles cylindriques autocollantes disposées sur un support à 1 mètre du sol. Les feuilles cylindriques permettent de donner une information d’orientation sur l’origine des individus volants piégés. C’est un point clé de nos recherches pour savoir comment se déplacent les individus dans les paysages et d’où ils viennent. On a construit nous-mêmes les pièges, on a d’abord travaillé en laboratoire avant de faire des tests sur le terrain. On s’est demandé combien de pièges on devait mettre sur le terrain pour capturer un maximum d’individus puis nous avons cherché une zone d’étude qui soit représentative du paysage agricole breton. Enfinnous sommes allés au contact des agriculteur·ice·s sur le terrain 

Quelles données avez-vous aujourd’hui récoltées ? 

Rémi Gerber : En tout, nous avons déposé 99 pièges autour de nous. Je suis actuellement en train d’identifier et de compter les individus récoltés. Je n’ai donc pas encore les chiffres exacts, mais ils se comptent en milliersCe qu’il faut savoir, c’est qu’il y a deux grands types de facteurs qui nous permettent d’expliquer le comportement de dispersion des insectes aquatiques volants. Il y a des facteurs extrinsèques comme la nature du milieu aquatique dont ils émergent telles que les rivières ou les mares, la présence de zones boisées… et des facteurs intrinsèques comme les ressources énergétiques des insectes à l’émergence ou encore leur morphologieC’est en étudiant les facteurs intrinsèques et les facteurs extrinsèques que nous pourrons déterminer leur potentiel de dispersion dans un paysage et donc les services écosystémiques associés qu’ils peuvent rendre aux agriculteurs et agricultrices. Moi, je m’intéresse beaucoup à la mesure de leur morphométrie. Cela consiste à identifier les insectes, les photographier puis prendre des mesures morphologiques (comme la taille des ailes, le volume de leur corps…) pour les mettre en lien avec leurs stratégies de dispersion. Les personnes impliquées dans mon projet de thèse sont très complémentaires. Benjamin Bergerot est excellent dans l’analyse des données spatiales et statistiques. Christophe Piscart a une importante connaissance des insectes aquatiques. Jean-Marc Roussel a énormément de connaissances et de recul sur les milieux aquatiques continentaux. Enfin, Romain Georges connait très bien la zone d’étude, les agriculteur·ice·s et il est très compétent dans la réalisation et la mise en place de protocoles expérimentaux sur le terrain. Après, vous savez, nous n’en sommes qu’au début du projet. Il faudra revenir dans quelques mois, voire quelques années pour connaître les conclusions que nous sommes en train de tirer de nos premiers résultats. (rendez-vous est pris 😉)

De gauche à droite : Romain Georges, ingénieur de recherche et Rémi Gerber, doctorant lors de la pose de matériel d’expérimentation © In:Expeditions

« Je suis un passionné d’écologie. Je voulais trouver un domaine d’activité qui me permettait d’aller sur le terrain, de faire de la recherche fondamentale et c’est vraiment l’opportunité de cette thèse. »  

Rémi Gerber, doctorant à l’Université de Rennes, dans l’unité de recherche UMR 6553 ECOBIO

« Nous travaillons dans le but de mettre en lumière l’importance des interactions entre les différents écosystèmes. Peut-être qu’un jour, on pourra établir qu’il est possible de diminuer l’utilisation d’intrants grâce à la présence d’insectes volants d’origine aquatique dans les parcelles agricoles»  

Romain Georgesingénieur au CNRS, unité de recherche UMR 6553 ECOBIO.  

Romain Georges, Rémi Gerber et Benjamin Bergerot, chercheurs à l’unité ECOBIO 6553 – Rennes 1, Trans-la-Forêt

ECOBIO, un labo de recherche breton spécialisé dans la biodiversité et les écosystèmes
ECOBIO, un labo de recherche breton spécialisé dans la biodiversité et les écosystèmes

Pluridisciplinaire, cette unité d’écologie  s’intéresse à la biodiversité des écosystèmes continentaux et insulaires, de la molécule à l’écosystème. Ses 160 membres sont  enseignant·e·s chercheur·ses ,  chercheur·ses CNRS,  personnels  de l’Université de Rennes 1 et du CNRS.  Elle est membre fondatrice de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Rennes (OSUR).

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