Journée mondiale de la biodiversité : le récap’ annuel des projets en Bretagne
On participe à notre manière la journée mondiale de la biodiversité en partageant les initiatives bretonnes qui visent à mieux la connaître, la préserver et à la reconquérir. Où sont les projets de territoires ayant des effets concrets sur la biodiversité ? Lancé en 2023, un recensement entrepris par l’Agence Bretonne de la Biodiversité dénombre 487 projets aujourd’hui.
Développement de la nature en ville, actions sur les milieux agricoles, atlas de la biodiversité, projets en faveur des continuités écologiques ou encore travaux de restauration de milieux… ; l’ambition est de recenser tous les projets bretons dans ce panorama afin de vous inspirer de projets existants pour in fine réaliser des projets de qualité et naturellement valoriser les territoires en action. Avant de vous plonger dans l’exhaustivité des projets, nous vous proposons justement quelques projets représentatifs des enjeux régionaux : agriculture, érosion côtière, îlot de chaleur urbain, pêche durable et culture !
Paysans de Nature ou comment concilier agriculture et biodiversité 🧑🌾
Initié en Vendée en 2017, et porté par l’association nationale Paysans de Nature depuis 2021, c’est au printemps dernier que la 2e antenne officielle de ce réseau a pu voir le jour en Bretagne. Il réunit douze associations paysannes et naturalistes bretonnes : Bretagne Vivante, le Groupe Mammalogique Breton, LPO Bretagne, VivArmor Nature, l’Union régionale CPIE Bretagne, la Fédération régionale des agrobiologistes de Bretagne et ses déclinaisons départementales (GAB 29, GAB 56, GAB22 et Agrobio 35), le centre d’études pour un développement agricole plus autonome (CEDAPA) ainsi qu’agriculture paysanne 22. Son objectif ? Mettre en synergie les dynamiques de conservation de la biodiversité et d’installation paysanne, avec un souhait d’atteindre 100 fermes engagées d’ici 2025. Pour ce faire, Paysans de Nature accompagne les agriculteur·ices dans l’accueil de la biodiversité sur leurs exploitations (en favorisant les aménagements agroécologiques), encourage les citoyen·nes à s’approprier la thématique de la biodiversité, et enfin, fait en sorte de rapprocher le secteur de la formation du milieu agricole pour ouvrir les perspectives d’installation agricole. Le Dialogue Permanent pour la Nature, outil socle créé par Paysans de Nature permettra d’associer à l’échelle locale la population dans cette démarche collaborative afin qu’elle comprenne au mieux le lien entre agriculture, alimentation et biodiversité. Il est directement inspiré du système participatif de garantie Nature & Progrès (ou la mention Nature et Progrès est obtenue chaque année suite à une visite de chaque ferme par un·e agriculteur·ice et un consommateur·ice).
Financement : principalement Fonds vert de l’État et autres financements en cours
La commune de Lanester (56) protège les élèves des fortes chaleurs grâce à la végétalisation d’une cour d’école 🌿
Depuis deux ans, de nombreux projets ont germé en Bretagne sur cette thématique. Focus sur le projet à l’école Paul Langevin à Lanester dans le Morbihan où les actions en faveur de la biodiversité de cet établissement scolaire se sont développées grâce à la mobilisation du corps enseignant.
Dans un premier temps, les élèves et les professeur·es ont lancé des plantations de haies et d’arbres dans la commune en partenariat avec la mairie, mais très vite, l’école et les enfants ont voulu renforcer la démarche via un projet de végétalisation de la cour d’école. Dans le cadre de la désimperméabilisation envisagée en co-construction entre les enfants, les enseignant·es, la mairie et les parents, le collectif a remplacé le bitume par des végétaux et des matériaux drainants. Ils et elles ont également planté de nombreux arbres dans la cour d’école en utilisant des essences locales (hêtres, châtaigniers, chênes…) afin de disposer d’une végétation qui nécessite un entretien limité tout en rafraîchissant la cour. Cette renaturation s’est accompagnée d’actions d’éducation à l’environnement pour sensibiliser les enfants aux sujets du climat et de la biodiversité. Aujourd’hui, le projet a remporté un joli succès et la commune cherche à déployer ce principe sur les autres groupes scolaires de son territoire.
👉 Plus d’infos dans le podcast Biodiversité On Air !
Financement : Ministère de l’éducation nationale, financement remplacé dorénavant par le Fonds vert renaturation sur cette thématique
« HOPOPoP », la recherche au service de la biodiversité marine et de la pêche durable en mer d’Iroise 🐟
Les collaborations entre acteurs du territoire et chercheur·ses sont de plus en plus souhaitées par ces dernier·es, mais aussi davantage recommandées dans les appels à projets de recherche régionaux, nationaux ou européens. De fait, elles garantissent une meilleure appréhension de la complexité du vivant (humain et non-humain) et des réponses fouillées et opérationnelles au plus proche des défis auxquels sont confrontés les territoires. Dans ce contexte, le projet « HOPOPoP » se penche sur la manière de travailler ensemble pour un avenir durable des activités de pêche et des ressources en mer d’Iroise. Il associe des chercheur·ses en écologie, géographie, économie (Université de Bretagne Occidentale, IFREMER, CNRS, IUEM, CIRAD) et en réalité virtuelle (ENSTA Bretagne, École nationale d’ingénieurs de Brest), des gestionnaires (Office français de la biodiversité) et autres acteurs du territoire collectivités (Département Finistère), fédération professionnelle (Comité Départemental des Pêches Maritimes et des Élevages Marins du Finistère) et de loisirs (Fédération nationale de la plaisance et de la pêche notamment). Pour mieux comprendre le socio-écosystème et ainsi mieux concilier les activités de pêche et la préservation des écosystèmes marins, le projet propose une étude des connaissances, des représentations des acteurs et des interrelations entre les activités en mer d’Iroise, des ateliers de modélisation participative et d’exploration de scénarios de gestion et d’action à l’horizon 2040 en mobilisant des jeux sérieux et des mises en situation. Enfin, les résultats seront valorisés de manière innovante, en ayant recours à la réalité virtuelle par exemple, pour s’immerger dans la complexité de la mer d’Iroise et ainsi mieux la comprendre.
Financement : programme ISBLUE 6.
Anticiper et limiter l’impact du recul du trait de côte à Gâvres (56) 🌊
Face aux risques d’érosion du littoral qui augmentent en Bretagne, Lorient Agglomération et la commune de Gâvres en partenariat avec l’Université de Bretagne Sud mènent depuis 2012 des actions pour la réhabilitation du trait de côte particulièrement exposé au risque de submersion marine.
Dans un premier temps, différentes études ont été réalisées et ont permis de connaître le fonctionnement hydro-sédimentaire du secteur, c’est-à dire la façon dont le sable se déplace sur la plage en fonction des marées, mais aussi des tempêtes. Ensuite, des aménagements ont été mis en place pour protéger le secteur en s’appuyant sur des Solutions fondées sur la Nature : installation d’épis en rondin bois, rechargement en sable, rehaussement d’une partie de la dune, implantation de lignes et de casiers de ganivelles… Ces choix techniques ont contribué au maintien et à l’accrétion du sable sur la plage, mais aussi ont permis le développement et la recolonisation d’une végétation spécifique au milieu dunaire et facilité la nidification du Gravelot à Collier Interrompu. (👉 en savoir plus dans la présentation de Lorient Agglomération lors de la 1ère Journée Nature et Climat).
Atlas socioculturel du Lapic (29), la culture comme levier de mobilisation en faveur de la rivière 💧
L’association Eau et Rivières de Bretagne coordonne et suit des projets d’atlas socioculturels sur les cours d’eaux bretons afin de reconnecter les humains à la nature. Cet outil a été élaboré en partenariat avec la Région Bretagne en expérimentant les méthodes sur la rivière du Bélon menée en 2021. L’Assemblée Permanente des Présidents des Commissions locales de l’eau de Bretagne (APPCB) se mobilise également à travers un site internet regroupant les 5 expériences.
Depuis 2023, l’un des atlas s’intéresse au Lapic (petit fleuve côtier d’une douzaine de kilomètres dans la baie de Douarnenez). Bien identifié par le passé, le cours d’eau l’est nettement moins aujourd’hui. Les transformations socio-économiques au fil du temps et la problématique des algues vertes ont notamment conduit à une déprise agricole accompagnée d’une fermeture progressive des accès naturels au Lapic. Ces évolutions ont produit une rupture du lien entre les habitant·es et le cours d’eau. C’est pourquoi, cette démarche itérative vise à fédérer une communauté d’acteurs et d’habitant·es, à mutualiser les innombrables connaissances d’un territoire et à faire émerger un outil collaboratif pour accompagner les actions futures en faveur des rivières. L’atlas traite du sujet de l’eau sous des angles différents (arts, attachements, écologie, culture et langues bretonnes, faune, flore, histoire(s), patrimoine, sacré, sciences et techniques…), en valorisant le patrimoine naturel et culturel du Lapic. Le projet associe tous les acteurs, associations culturelles, de randonnée, pêcheurs, agriculteur·ices, acteurs du tourisme, scientifiques, artistes, élu·es locaux via des causeries dans les différentes communes qui bordent le cours d’eau.
Avoir une vision exhaustive des projets en Bretagne est l’un des facteurs-clé pour créer une dynamique régionale des actions favorable à la biodiversité. Cela permet aux acteurs du territoire de valoriser leurs projets, à l’Agence Bretonne de la Biodiversité d’avoir connaissance des actions qui existent et à nous toutes et tous de pouvoir s’entraider en s’inspirant mutuellement de ce qui fonctionne et de donner envie de passer à l’action !
Rendez-vous l’année prochaine où ces données seront compilées et alimenteront un outil cartographique pour une lecture plus dynamique !
Pour participer à ce recensement des projets, vous pouvez nous adresser les informations relatives à votre projet à l’adresse mail suivante : maquestion[at]biodiversite.bzh en indiquant dans le titre de votre message la mention suivante : « Panorama des projets » et en précisant :
- le nom du porteur de projet
- la localisation du projet (département et communes concernées)
- le dispositif concerné
- l’état d’avancement du projet
- la description synthétique du projet
Chaque année, à partir du mois d’avril et jusqu’à début octobre, les candidatures peuvent être déposées. Les collectivités intéressées complètent un questionnaire et présentent 3 à 5 fiches actions.
Après le déploiement de la première station CoastSnap en 2019 à Gâvres, dans le Morbihan (voir ci-contre), l’intérêt pour ce système de science participative permettant de mieux comprendre l’évolution des plages n’a cessé de croitre. Une journée Coastsnap France est organisée en juin pour amplifier la démarche.