[Wetlands] Compter et connaître les oiseaux pour préserver la biodiversité

Publiée le 02 février 2021

#BiodiversitéBZH, le portrait : Margaux Ruiz

Elle est ornithologue, chargée de mission au GEOCA, Groupe d’Études Ornithologiques des Côtes-d’Armor. C’est dans le cadre du comptage annuel « Wetlands », l’un des plus grands programmes de sciences participatives, que nous sommes allé·e·s rencontrer Margaux Ruiz. Portrait d’une jeune femme engagée.

Margaux Ruiz, ornithologue chargée de mission au GEOCA © In:Expeditions

Margaux bonjour, merci infiniment d’avoir accepté que l’on vous suive aujourd’hui. Nous sommes dans la Baie d’Hillion et nous nous apprêtons à réaliser le comptage annuel du « Wetlands International », qu’on traduit par « zones humides internationales » en français. Avant de commencer, pouvez-vous nous situer dans l’espace ?

Margaux Ruiz : Avec plaisir ! Nous sommes ici sur le site d’Hillion au cœur de la Réserve Naturelle Baie Saint-Brieuc gérée par VivArmor Nature et Saint-Brieuc Armor Agglomération. C’est la plus grande Réserve Naturelle de Bretagne et aussi un haut lieu ornithologique. C’est une zone qui a été classée « Réserve Naturelle » en 1998 car elle concentre, plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux différentes. Ici, nous sommes à un carrefour de migration et de nombreux oiseaux y font étape ; d’autres ont élu domicile pour leur nidification. Ce matin, nous allons pouvoir en observer et réaliser un comptage avec notre groupe, composé de gardes techniciens, d’ornithologues comme moi, de naturalistes et d’animateur·ice·s. Sont présentes, la Réserve Naturelle de Saint-Brieuc, les équipes de l’Office français de la biodiversité et nous, le GEOCA.

📹 #BIODIVERSITÉBZH, LE PORTRAIT : MARGAUX RUIZ




Rendez-vous au lever du soleil en Baie de Saint-Brieuc. Margaux Ruiz, chargée de mission au GEOCA entourée d’autres naturalistes passionnés nous en dit plus sur le comptage « Wetlands » et le rôle du GEOCA.
Tournage réalisé dans le cadre d’une Breizh:Expedition proposée par In:Expeditions, plateforme de visio-expéditions au service de l’engagement.

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Cela tombe bien que vous parliez du GEOCA. L’acronyme signifie « Groupe d’Études ornithologiques des Côtes-d’Armor. On aimerait bien en savoir un peu plus.

Le Groupe d’Études Ornithologiques des Côtes-d’Armor est une association loi 1901, qui fête ses 30 ans cette année, et qui a pour objectif, comme son nom l’indique, l’étude de l’avifaune sauvage et de ses habitats dans le département des Côtes-d’Armor. Ce qui était déjà un défi lors de sa création en 1991 est devenu un enjeu extrêmement important : la protection des espèces. Le GEOCA réalise de nombreuses études et enquêtes qui visent à inventorier les oiseaux. Notre objectif est aujourd’hui d’améliorer les connaissances sur le patrimoine naturel des Côtes-d’Armor. C’est à partir de nos observations journalières que nous pouvons aujourd’hui appréhender les dégradations et les menaces qui pèsent sur ces espèces.

On comprend donc que l’observation fait partie intégrante de votre mission. La preuve étant, vous réalisez très fréquemment des études pour collecter des données sur les milieux naturels. En quoi le comptage annuel est-il si important ?

C’est d’abord un comptage international qui unit partout dans le monde des observateur·ice·s, qu’ils soient professionnel·le·s ou amateur·ice·s. Comme vous le disiez, c’est l’un des programmes de sciences participatives les plus importants, qui fédère plusieurs dizaines d’associations naturalistes locales, et ce, toujours à la mi-janvier. L’objectif pour nous est de disposer d’un instantané de la répartition des populations d’oiseaux d’eau sur les différentes voies de migration des continents. Nous savons que nous ne pouvons pas réaliser une photographie parfaite car malgré tous les outils techniques à notre disposition, il est impossible de compter tous les oiseaux, un à un ; cependant, ce sont toutes ces observations agglomérées les unes aux autres, qui vont nous permettre d’avoir une tendance globale et un inventaire des espèces présentes. Observer les oiseaux migrateurs d’une année sur l’autre permet de voir des évolutions d’effectifs pour certaines espèces. C’est essentiel pour préserver le milieu naturel et sa biodiversité.

 

Comptage à Hillion, dans la Baie de Saint-Brieuc classée « Réserve Naturelle » depuis 1998

« À la réserve, nous faisons ce suivi d’oiseaux marins et d’oiseaux migrateurs toute l’année. Deux fois par mois, nous mettons en place ce protocole qui commence toujours 2 heures avant la pleine mer, ce qui nous permet de nous positionner sur chaque site. Grâce à ce comptage, on peut avoir un relevé bien précis des espèces présentes dans la Baie de Saint-Brieuc. »

Cédric Jamet, garde technicien de la Réserve Naturelle Baie de Saint-Brieuc (à droite sur la photo)

Observer, prendre l’attention de la faune et la flore, ce n’est pas donné à tout le monde. Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir ornithologue ? Les oiseaux ont-ils toujours été, comme pour beaucoup dans cette profession, une passion ?

Non, et à vrai dire, c’est un intérêt qui a commencé assez tard et qui a grandi d’années en années. En tant que biologiste de formation, j’ai toujours eu une prédisposition pour ces questions et pour la nature en général mais je ne suis pas née les yeux dans les jumelles, comme on peut en rencontrer dans ce métier. Pour moi, tout a commencé avec plusieurs expériences de bénévolat, où je suis partie observée les oiseaux avec des ami·e·s. C’est grâce à des passionné·e·s que j’ai appris ce qu’était véritablement un·e ornithologue, ce qu’il ou elle faisait, quelles étaient les méthodes de cette discipline et comment les pratiques scientifiques de cette même discipline avaient évolué au cours du temps. C’est un métier engagé, où il faut être à l’écoute du vivant. Aujourd’hui, en tant que chargée de mission au GEOCA, je suis très heureuse de pouvoir transmettre à mon tour et de sensibiliser d’autres personnes. C’est crucial à l’heure où nous parlons.

Naturalistes, ornithologues et un stagiaire de 3ème lors du comptage des oiseaux hivernants sur la Baie.

En parlant de publics, le GEOCA propose de nombreuses animations. Vous intervenez auprès du grand public mais également auprès des décideurs publics et privés, n’est-ce pas ?

Oui, en effet. Le volet animation est important. Nous accompagnons les intéressé·e·s, petit·e·s et moins jeunes dans des phases de découvertes et de reconnaissance des espèces. Les animations effectuées par le GEOCA sont des animations bénévoles. En termes d’animation salariée et dans le cadre de l’Observatoire Régional de l’Avifaune (ORA), nous organisons la formation « reconnaitre les oiseaux communs de Bretagne ». Avec la pandémie, les familles se sont mises à regarder davantage dans leur jardin ce qui a fait écho à notre programme de sciences participatives qu’a initié le GEOCA en Bretagne « Oiseaux des jardins » où l’on invite à compter le maximum d’individus vus pendant 1 heure et à les noter pour nous transmettre ces données. Depuis 2018, nous organisons aussi chaque année un comptage des nids d’Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) dans toutes les communes des Côtes-d’Armor. Ce comptage a lieu en juin et juillet, afin de faire un état des lieux des populations nicheuses de cette espèce, « quasi-menacée » en France (Liste Rouge de l’IUCN) et qui a vu une diminution de plus de 40% de ses effectifs en 20 ans, du fait du manque de nourriture et de la baisse de ses habitats. Enfin, nous réalisons des diagnostics environnementaux, des inventaires et des synthèses de données pour le compte de partenaires publics et privés. Il est surtout question de rester forces de proposition pour influencer dans le bon sens les politiques de gestion et de protection de l’environnement. Nous intervenons auprès des comités scientifiques ou comités de pilotages pour ajouter le volet technique dont nos partenaires ont besoin pour avoir le moins d’impacts négatifs sur le milieu.

 

« J’ai décidé de rejoindre le GEOCA pour avoir un rôle à jouer dans la sensibilisation des publics. C’est toujours merveilleux de voir comment l’apprentissage de l’observation active peut avoir des conséquences sur la protection de notre environnement. Quand vous savez ce qui vit à côté de chez vous, vous ne vous comportez plus de la même façon. Vous faites attention. »

Valentin JEGO, animateur en service-civique au GEOCA

Wetlands, oiseaux des jardins... les bilans du GEOCA
Wetlands, oiseaux des jardins... les bilans du GEOCA

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La Réserve Naturelle Baie de Saint-Brieuc
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La plus grande Réserve Naturelle de Bretagne fait partie des sites de comptage « Wetlands » chaque année. En savoir plus sur les autres comptages, ainsi que les missions de la Réserve co-gérée par Saint-Brieuc Agglomération et Vivarmor Nature.

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